Depuis 2023, l’accès aux forêts est restreint. Les contrevenants peuvent écoper jusqu’à 750 euros d’amende, mais cette contravention pourrait disparaître prochainement.
Des réserves naturelles inaccessibles, des parcours de sentiers modifiés, des confrontations entre propriétaires et randonneurs : depuis 2023, les tensions se sont multipliées au cœur de la nature française. Ce qui était autrefois une simple promenade dominicale s’est transformée en un véritable casse-tête juridique pour les amateurs de randonnée.
L’histoire d’Eric Rolland illustre parfaitement cette nouvelle réalité. Ce randonneur expérimenté a vécu une expérience désagréable dans la vallée de la Chartreuse. Alors qu’il s’apprêtait à emprunter un sentier traversant une forêt privée au sein d’un parc naturel régional, il s’est retrouvé face à un propriétaire lui interdisant l’accès. « En pleine réserve naturelle, en pleine balade, dans un endroit incongru où je ne m’y attendais pas », témoigne-t-il devant les caméras de TF1, montrant sur son téléphone les échanges tendus avec son interlocuteur.
La source de ces tensions remonte à la loi Cardoux. Ce texte poursuit un double objectif : limiter l’engrillagement des espaces naturels et protéger la propriété privée. Si la première partie vise à faciliter la circulation de la faune sauvage et l’intervention des pompiers en cas d’incendie, c’est le second volet qui cristallise les tensions. Avec cette loi, toute personne se promenant sur un terrain privé correctement signalé s’expose à une contravention de quatrième classe, soit une amende pouvant atteindre 750 euros.
L’impact est d’autant plus significatif que les forêts privées représentent 75% du patrimoine forestier français, selon le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF). Dans certaines régions comme la Nouvelle-Aquitaine, la Bretagne et les Pays de la Loire, ce taux grimpe jusqu’à 90%. « Plusieurs propriétaires se sont saisis de cette loi pour interdire l’accès à des zones qui auparavant étaient ouvertes à la circulation », constate Lisa Belluco, députée écologiste, au micro de France Bleu.
Face à cette situation, La France insoumise vient de déposer une proposition de loi visant à abroger ces dispositions controversées. « Nous souhaitons revenir à l’équilibre antérieur », explique le groupe parlementaire, « où la protection de la propriété privée ne s’opposait pas au droit fondamental d’accès à la nature ». Les motifs avancés sont clairs : le texte dénonce une « privatisation punitive de l’espace naturel » et défend l’idée que « le paysage est un bien commun ». Pour les députés à l’origine de cette proposition, il est crucial de préserver l’accès aux espaces naturels, considérant que la connaissance et la fréquentation de la nature sont essentielles à sa protection.
A cela, les députés insoumis veulent garantir un droit de passage pour tous les usagers non motorisés sur les sentiers balisés. Une mesure qui vise à contrer l’accaparement croissant des espaces naturels par certains propriétaires et à préserver l’accès aux chemins de randonnée traditionnels.