Le nombre de logements neufs nâen finit plus de dégringoler. Les mises en chantier (logements commencés) ont chuté de plus de 25% en un an, selon les données mensuelles publiées jeudi par le ministère de la Transition écologique. Moins de 284.000 ouvertures de chantier ont été enregistrées en février 2024, soit 95.700 de moins quâen mars 2023 (voir le graphique ci-dessous). Les maisons individuelles sont les plus touchées, avec une chute de près de 33% en un an. Le constat est tout aussi inquiétant pour les permis de construire (logements autorisés): seulement 365.000 nouveaux logements ont été autorisés, en baisse de près de 22% sur 12 mois.
Ces constats sont le signe que la construction sâest installée dans une profonde crise, en raison dâune chute de la demande liée aux taux de crédit élevés bien quâen baisse, du désintérêt des investisseurs pour lâinvestissement locatif, jugé moins rentable, mais aussi à cause de deux facteurs propres au secteur du logement neuf: la hausse des coûts de construction et lâenvolée des prix du foncier.
Sâil y a une «bonne» nouvelle à retirer de ce «tableau noir», câest lâévolution des courbes des logements autorisés et commencés. Elles semblent dessiner un «plateau» notamment pour les permis de construire. Signe quâun plus bas a été touché? Pour relancer la machine, le gouvernement a promis un «choc dâoffre», comme en 2017. Avec les résultats que lâon connaît. Lâexécutif sâest donné pour objectif la construction de 30.000 nouveaux logements dâici trois ans. Une quantité qui paraît bien faible au regard des centaines de milliers dâunités nécessaires en France. «Le choc dâoffre, câétait un discours qui avait du sens en 2017, affirme Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers. Aujourdâhui, il faut aider la demande.»
Les banques dans le viseur
Les banques, accusées de ne pas accorder assez de prêts immobiliers, sont dans le viseur de lâexécutif. Des discussions sont actuellement en cours avec les établissements bancaires pour mettre en place ou généraliser des dispositifs de niche et ainsi permettre à plus de ménages dâavoir accès à la propriété. Mais le temps presse car, comme le martèlent les experts du logement neuf, «lâoffre de demain se prépare dès maintenant». La Fédération du bâtiment prévoit la disparition de 150.000 emplois en 2024 et 2025. «Il y aura bien un projet de loi sur lequel nous travaillons, qui visera à améliorer lâoffre de logements pour les classes moyennes», a promis mercredi Guillaume Kasbarian, ministre du Logement, devant lâAssemblée nationale.