La précarité énergétique ne se limite pas à l’hiver, et l’été apporte également son lot de difficultés. Selon un rapport de la Fondation Abbé Pierre, 55 % des Français ont ressenti une chaleur excessive dans leur logement pendant au moins 24 heures au cours de l’année écoulée, et un quart d’entre eux ont souffert « fréquemment » durant l’été. Le rapport révèle également une augmentation de 26 % depuis 2013 du nombre de personnes vivant dans des logements « trop chauds ».

Les vagues de chaleur, de plus en plus intenses, fréquentes et prolongées, aggravent cette situation, rendant de nombreux logements inadaptés, voire inhabitables, pendant plusieurs mois de l’année. Les conséquences peuvent être graves, voire mortelles : l’été 2023 a été marqué par environ 5 000 décès liés à la chaleur, dont 75 % parmi les personnes âgées de 75 ans et plus.

Parmi les causes identifiées figurent des logements mal isolés, mal ventilés, et souvent dépourvus d’espaces extérieurs ou de volets. Christophe Robert, délégué général de la Fondation, souligne l’urgence de considérer l’habitabilité des logements et leur capacité à protéger les habitants, au-delà du simple « confort d’été ». Malgré quelques avancées, l’adaptation des logements à la chaleur reste en grande partie absente des politiques de rénovation, qui se concentrent principalement sur la réduction de la consommation d’énergie et la décarbonation du chauffage.

De plus, des obstacles réglementaires ou patrimoniaux empêchent parfois l’installation de protections solaires ou l’application de couleurs claires sur les façades et toitures, compliquant encore la lutte contre la précarité énergétique en période estivale.

93 % du parc exposé

La situation est d’autant plus préoccupante qu’elle pourrait s’aggraver considérablement dans les années à venir. Le rapport de la Fondation Abbé Pierre alerte sur le fait qu’un Français sur sept vivra, d’ici 2050, dans une zone où l’on comptera plus de vingt journées anormalement chaudes chaque été. Pire encore, si le réchauffement climatique atteint 4°C, 93 % du parc immobilier sera exposé à un risque élevé ou très élevé lié aux vagues de chaleur.

Paris, en raison de sa densité et du manque d’espaces verts, est la capitale européenne où le risque de mortalité lié aux vagues de chaleur est le plus élevé, selon une étude publiée en mai dans Lancet Planet Health. Les jeunes de moins de 25 ans, souvent logés dans des appartements mal isolés, sont particulièrement touchés : 71 % d’entre eux souffrent de la chaleur en été, tout comme 70 % des locataires. Les populations les plus vulnérables, telles que les mères célibataires, les personnes âgées, et les ménages modestes, sont également plus exposées.

Malgré ces constats, il n’existe aucune aide publique spécifique pour adapter les logements aux canicules, en dehors des rénovations majeures. Les auteurs du rapport soulignent l’urgence de subventionner des solutions simples, comme l’installation de volets, pour les millions de ménages confrontés à la précarité énergétique estivale, sans nécessiter de lourds travaux.

Le rapport pointe également une lacune réglementaire : alors que les propriétaires sont tenus de garantir une température minimale de 19°C en hiver dans les logements loués, aucune température maximale n’est imposée pour l’été. Parmi les recommandations, la Fondation propose d’inclure systématiquement des travaux d’adaptation aux vagues de chaleur dans lesrénovations énergétiques subventionnées par l’État, ainsi que de mettre en place un plan « grand chaud » pour protéger les personnes sans abri, particulièrement vulnérables en période de canicule.

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