Le ministère de la Santé alerte sur un mal qui intoxique les logements. Un mal accentué par trois mauvaises habitudes et qui tuent chaque année des milliers de Français.
Une lecture au coin du feu, un apéro autour d’une belle bougie parfumée, un week-end sous un plaid les fenêtres fermées : elles n’ont l’air de rien, elles donnent presque envie mais ces situations peuvent être dangereuses. L’Etat a donné l’alerte.
Contrairement à ce que l’on pense, la pollution ne se trouve pas qu’à l’extérieur. Certes, camions, avions, usines ou tracteurs dégagent de nombreuses substances nocives, mais l’air de nos maisons est aussi pollué. Allergènes, gaz, particules fines : les sources sont multiples.
« On peut observer, pour certains polluants, une concentration jusqu’à quinze fois supérieure à l’intérieur qu’à l’extérieur », révèle le ministère de la Santé. Un chiffre qui interpelle, sachant que les Français passent en moyenne quatorze heures par jour à domicile et le reste du temps souvent en intérieur (lieu de travail et lieux d’activité).
19 884, c’est le nombre de morts imputés à la pollution intérieure par an en France. Un décompte marquant mais trompeur, fait savoir au Journal du Net Fabien Squinazi, médecin biologiste et président d’une commission spécialisée au Haut Conseil de la santé publique. Ce chiffre est daté et imprécis. Aujourd’hui, dresser un bilan précis du nombre de décès reste compliqué, faute d’études récentes. Ce que l’on sait en revanche, c’est que la pollution de l’air intérieur, principalement les particules fines, cause chaque année 40 000 décès en France. Une part de ce chiffre est directement liée à la pollution intérieure. Autre certitude : la pollution intérieure tue au moins 3 000 Français par an en raison du radon, un gaz radioactif incolore et inodore.
Tabagisme, revêtements de sols, produits de bricolage et ménagers, bougies parfumées, sprays aérosols, humidité, poils d’animaux, radon… Les sources de pollution sont multiples car la pollution intérieure regroupe énormément d’aspects différents : de l’intoxication au monoxyde de carbone, aux allergies, en passant par l’absorption de substances cancérigènes des produits d’entretien.
Inutile de vider sa maison de tous ces produits ménagers, le tout est d’éviter les mauvaises habitudes. « Réduire les risques pour la santé est possible. Chacun peut agir pour les limiter », estime le ministère de la Santé.
L’une des principales habitudes à oublier : vivre les fenêtres fermées. Ouvrir ses fenêtres dix minutes par jour, hiver comme été, et pendant la cuisine et le ménage permet de renouveler l’air intérieur et réduire la concentration des polluants dans son logement.
Mais attention, « aérer permet de diluer la pollution, pas de l’éliminer » précise le ministère de la Santé. Seule la réduction des émissions de polluants à la source règle durablement le problème. Pour identifier rapidement les sources de pollution dangereuses, le ministère de la Santé a publié un guide de la pollution intérieure qui explique en détail la marche à suivre.
Deuxième habitude à éviter : la mauvaise utilisation des produits du quotidien. Il faut par exemple limiter les dosages au maximum des produits ménagers. Quant aux produits pour les plantes, mieux vaut les utiliser à l’extérieur, si possible. Bien sûr, le ministère rappelle qu’il est essentiel de lire les précautions d’usage et les modes d’emploi inscrits sur l’emballage.
Dernière habitude à proscrire : négliger l’entretien de sa chaudière ou de son chauffe-eau à gaz. Un entretien insuffisant, une mauvaise ventilation de la pièce ou une évacuation défectueuse des gaz de combustion peuvent entraîner des intoxications au monoxyde de carbone, un gaz inodore mais potentiellement mortel. Chaque année, 5 000 personnes en sont victimes, et plusieurs centaines en meurent.
Pour éviter ces risques, il est indispensable de faire vérifier ses appareils par un professionnel au moins une fois par an – c’est d’ailleurs une obligation légale. On évitera aussi d’utiliser trop longtemps des appareils de chauffage d’appoint mobiles. Là encore, le mode d’emploi est une ressource précieuse à consulter.