Câest un sujet clivant dans lâhabitat individuel, alors installer des toilettes sèches dans une copropriété, câest un vrai tour de force. Il faut dire que cette innovation, présentée comme une première en France, sâest faite au sein dâun habitat participatif avec des occupants motivés. Baptisé LâÃôôberge, cet ensemble de 23 logements inauguré en 2021 mêle différentes habitations du T2 au T5, dont 15 en accession et 8 réservés au locatif social. Si tous les logements ont été livrés à lâorigine avec des toilettes à chasse dâeau, ils ont progressivement basculé vers une version sèche (avec possibilité de retour en arrière) pour 17 dâentre eux. Si ce choix a surtout suscité interrogations et railleries à lâorigine, la pratique semble sâêtre installée.
Concrètement, lâagence dâarchitecture rennaise Rhizome en charge de cet immeuble a travaillé avec la coopérative Eurosec, spécialiste des toilettes sèches et des questions dâassainissement, pour installer ces fameux WC, Ecodoméo, fabriqués à Marseille. Au lieu de la version «classique» des toilettes sèches où lâon jette de la sciure dans la cuvette après avoir fait son affaire, ce modèle intègre un tapis roulant faisant office de chasse dâeau. Ce dernier permet dâacheminer les excréments vers un caisson situé à lâarrière du trône. Les matières fécales et papier sont «désodorisés» grâce à une deuxième caisse recouvrant la première et qui est ventilée par une prise de VMC (ventilation mécanique contrôlée)..
Ãconomie dâeau mais coût élevé
Les urines de leur côté, coulent par gravité à lâavant du WC avant de tomber dans lâune des trois cuves de 4m3 de lâimmeuble. Elles serviront ensuite de lisier pour un lycée agricole du secteur. Quant aux selles, il faut changer le caisson tous les 2 à 3 mois avant dâêtre compostées puis utilisées pour la végétation ou pour des cultures destinées aux animaux. Une installation qui représente évidemment des contraintes, sans oublier un coût non négligeable (2000 euros HT le WC, sans compter lâinstallation globale du système), en partie couvert par une subvention de 30 000 ⬠de lâAgence de lâeau. Mais lâimpact sur la consommation dâeau a été très fort: les habitants estiment quâelle a été divisée par deux comme le rapporte Ouest France, dans une région où elle est déjà très coûteuse.