Vendredi 12 avril s’est tenu le Congrès delaCapeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) à la Maison de la Mutualité à Paris, en présence de membres du Gouvernement venus annoncer des dispositifs pour soutenir les professionnels de l’artisanat du bâtiment, un secteur qui traverse la crise.

Le thème annonçait la couleur : “Pourquoi y a-t-il une urgence à renforcer l’attractivité des métiers de l’Artisanat du bâtiment et comment peuvent-ils l’être davantage ?”. De fait, les artisans du bâtiment souffrent beaucoup de la conjoncture économique. Entre la hausse des prix des matières première suite à la pandémie de Covid, la hausse des taux d’intérêts causant la chute du marché immobilier et la baisse du pouvoir d’achat des Français, les professionnels du bâtiment ont bien du mal à sortir la tête de l’eau et à recruter.

Secteur reconnu et soutenu par l’Etat

Les interventions de Christophe Béchu, ministre de la transition écologique, Guillaume Kasbarian, ministre du logement et de Geoffroy de Vitry, haut-commissaire à l’Enseignement et à la formation professionnelsmarquent la reconnaissance de l’artisanat du bâtiment” selon les représentants de la Capeb réconfortés.

La prise de parole du ministre Christophe Béchu aujourd’hui me rassure”, a d’ailleurs commenté Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, à la fin du congrès.

La présence remarquée en ouverture de l’événement du ministre de la transition écologique, qui avait déjà fait l’honneur de clôturer les rencontres de la Capeb de février 2023, témoigne de l’importance que l’Etat accorde à l’attractivité de ces métiers pour réussir la transition écologique. Le ministre a pu confirmer de nombreux arbitrages et affirmer sa volonté de travailler main dans la main avec les artisans du bâtiment, notamment sur la simplification du dispositif MaPrimeRenov’et la qualification RGE (Reconnu Garant de l’Environnement).

Le logement est un secteur qui souffre, il faut le dire”, a déclaré quant à lui le ministre Guillaume Kasbarian, bien décidé à soutenir tous les acteurs touchés par cette crise.

L’enjeu est en effet majeur car la Capeb est la première organisation professionnelle de France en nombre d’adhérents avec 61 000 entreprises représentées.

Diagnostic du manque d’attractivité

Avec des répercussions immédiates sur leur capacité à relever les défis environnementaux et sociétaux, l’enjeu de l’attractivité des métiers de l’artisanat du bâtiment est majeur.

Il n’y a pas beaucoup de métiers qui seront plus gagnants dans l’avenir que les métiers de l’artisanat du bâtiment (…) Vous êtes le secteur où la machine remplacera le moins l’homme”, a souligné l’éditorialiste Emmanuel Lechypre, lors d’une table ronde sur l’urgence de rebooster l’attractivité du secteur.

La rénovation énergétique implique en effet la création de 200 000 emplois. L’évolution de l’âge de la population française, et la nécessaire adaptation des bâtiments existants requièrent 300 000 emplois tous secteurs confondus. Les besoins en compétences sont donc immenses mais les artisans peinent à recruter. Ainsi, en 2023, parmi les 30 % des entreprises artisanales du bâtiment qui ont cherché à recruter, seulement la moitié a réussi.

Il faut attirer en urgence car le temps presse. L’avenir c’est la petite entreprise connectée aux autres petites entreprises. C’est fondamental.


– Philippe Dessertine
, économiste.

Les débats ont donc porté sur la nécessité de changer de paradigme dans la manière d’aborder l’attractivité des métiers de l’artisanat du bâtiment. Les initiatives prises pour les faire connaître connaissent des succès relatifs et le manque de reconnaissance de l’entreprise artisanale et de ses spécificités nuit à leurs capacités d’y répondre pleinement. Et ce, alors même qu’il existe une adéquation factuelle entre les valeurs de l’artisanat du bâtiment et les aspirations de la population, à l’instar du travail manuel, de l’humain et de la proximité.

Concernant les campagnes de communication, Patrice Grouzard, chef de service mobilisation des professionnels transition écologique de l’Ademe, a proposé des solutions : “il faut investir largement le secteur du digital, le gaming, l’influence, les webséries et il faut donner du sens”.

© AP/Anne Moreaux – Au micro, l’économiste Philippe Dessertine, et le Haut-Commissaire à l’Enseignement et à la Formation professionnels Geoffroy De Vitry, ont promu la réforme de l’enseignement pro et de l’apprentissage pour booster l’attractivité de l’artisanat du bâtiment.

Rénovations énergétiques avec MaPrimeRenov’ comme remède

Le président de la Capeb a pu discuter avec le ministre Christophe Béchu de sobriété foncière. Ce dernier en a profité pour rappeler le rôle primordial joué par les artisans du bâtiment dans l’atteinte des objectifs fixés en matière de transition écologique. “Vous faites intégralement partie de l’équipe de France de la rénovation énergétique. Nous ne réussirons cette transition qu’avec vous”. Il a également tenu à rassurer la Capeb sur sa volonté de concrétiser les mesures annoncées le 8 mars dernier en soulignant notamment l’importance de poursuivre la simplification de MaPrimeRenov’après avoir exprimé sa satisfaction “d’avoir remis du bon sens avec le mono-geste qui va permettre de relancer le marché de la rénovation énergétique.

La simplification du RGE au travers d’une validation des acquis de l’expérience, la mise en place d’un parcours de travaux redessiné et la mise en œuvre des groupements momentanés d’entreprises font partie de ses dossiers prioritaires. Une bonne nouvelle pour le président de la Capeb qui a rappelé au ministre “les attentes fortes de la Capeb sur le RGE”.

Là, j’ai cru comprendre que le ministre s’engageait à ce qu’il y ait vraiment une réforme et une écriture d’un nouveau parcours et d’une nouvelle mouture de la note pour 2025. On a donc six mois pour l’écrire correctement, que ça soit sur la simplification, le mono-geste, la rénovation globale ou la qualification de RGE qui doit aussi voir le jour dans cette période.

– Jean-Christophe Repon

De son côté, le ministre du logement a rappelé la nécessité d’adopter un discours encourageant sur MaPrimeRenov’ pour stimuler l’engagement des Français “sans quoi, nous risquons à nouveau que l’enveloppe budgétaire ne soit pas consommée, faute de chantiers engagés”. “Ce n’est pas ‘MaDéprimeRenov!, a-t-il plaisanté.

Aucun secteur n’est aussi sensible à l’impact des taux d’intérêts bancaires que le logement (…) la stabilisation des taux laisse percevoir un avenir optimiste”, a souligné le ministre en évoquant sa volonté d’imaginer de nouvelles formes de financement en mobilisant le secteur bancaire pour permettre aux ménages de financer plus facilement leur reste à charge.

On a entendu vos attentes et vos demandes”, a-t-il déclaré aux membres de la Capeb, faisant référence aux mesures de simplification des parcours de rénovation des habitats. “On va aller plus vite sur le sujet”, a assuré Guillaume Kasbarian en annonçant qu’il y aura “bientôt 5000 accompagnateurs sur MaPrimeRenov’ d’ici cet été”, alors qu’ils ne sont aujourd’hui que 3100 pour couvrir tout le territoire.

Sur une note positive, le ministre du logement a souligné que les créations de comptes auprès de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) sont montées à 57 000 l’an dernier, soit une augmentation annuelle de 24 % “donc c’est très bon signe”, et que dans 70 % des cas l’Anah y répond en cinq semaines.

Jean-Christophe Repon, président de la Cabep, et Guillaume Kasbarian, ministre du logement. © AP/Anne Moreaux
© AP/Anne Moreaux – Jean-Christophe Repon, président de la Cabep, et Guillaume Kasbarian, ministre du logement.

 

Retour à une approche territorialisée

Rassurant les membres de la Capeb, le ministre du logement Guillaume Kasbarian a expliqué qu’il fallait “adopter le plus rapidement possible une approche territorialisée de la politique du logement” car l’ancienne logique était “parfois trop techno et trop nationale” alors que les enjeux territoriaux sont très différents.

Ce retour à une approche territorialisée va dans le sens des demandes de l’organisation patronale majoritaire dans l’artisanat du Bâtiment.

L’échelon territorial nous va aussi parce qu’il faut mettre du concret. Ce sont bien les spécificités territoriales qui prennent la décision économique. En fait, s’il y a besoin de création et de mobilité dans des bassins d’emploi, c’est bien le territoire qui va décider et ce n’est pas le niveau national”, a confié Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, auprès des journalistes qui l’interrogeaient en fin de congrès.

Partenariat avec Initiative France pour soutenir les créations et reprises d’activités

La Capeb vient de signer une convention de partenariat avec le réseau Initiative France dans l’objectif de promouvoir la création et la reprise d’entreprise dans l’artisanat du bâtiment.

Les partenaires ont décidé de mobiliser de concert leurs ressources et expertises respectives pour le maintien, le développement, la facilitation de l’implantation des entreprises artisanales dans les territoires.

Cette collaboration vise également à accompagner la création et la préservation d’emplois à travers des actions de développement, de déploiement et d’animation de programmes ciblés tels que former et accompagner les jeunes, féminiser les métiers de l’artisanat du bâtiment et contribuer à la transition énergétique et à l’accessibilité des bâtiments.

Nous avons fait un important travail pour valoriser les spécificités de nos entreprises qui correspondent aux aspirations des nouvelles générations. Ces efforts de sensibilisation sont indispensables car notre capacité à relever les défis de la transition énergétique et du maintien à domicile des personnes âgées dépendra de notre capacité à attirer toujours plus de compétences au regard de l’ampleur des besoins. La création ou la reprise d’entreprise fait également partie de notre responsabilité”, expliqueJean-Christophe Repon, président de la Capeb.

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