Par temps froid, de nombreux automobilistes laissent tourner leur moteur à l’arrêt pour le réchauffer. Cette pratique ancestrale, loin d’être bénéfique, cache une réalité mécanique méconnue.

« Trois minutes, c’est le minimum ». « Il faut bien que ça chauffe ». Ces réflexions, on les entend souvent sur les parkings ou devant les écoles les matins d’hiver. Partout en France, de nombreux automobilistes laissent tourner leur moteur plusieurs minutes avant de prendre la route, persuadés de faire le bon choix pour leur véhicule.

Cette pratique, héritée de l’époque des voitures à carburateur, s’observe particulièrement dans les zones rurales où la voiture est indispensable au quotidien. Les conducteurs justifient cette habitude par deux raisons principales : préserver leur moteur du froid et bénéficier d’un habitacle déjà réchauffé avant de partir. Certains vont même jusqu’à démarrer leur véhicule dix minutes avant l’heure prévue de départ.

Mais ce qui apparaît comme un geste de bon sens cache en réalité une méconnaissance des technologies automobiles modernes. Les experts sont unanimes : cette habitude est non seulement inutile mais elle est surtout dangereuse pour le moteur. L’explication est simple : sur les véhicules modernes équipés d’injection électronique, faire tourner le moteur à l’arrêt par temps froid présente un risque mécanique réel. 

En effet, l’huile moteur, plus épaisse à basse température, circule mal dans les différents organes mécaniques lorsque le moteur tourne au ralenti. Cette mauvaise lubrification peut avoir des conséquences désastreuses à long terme. Les pièces mécaniques, notamment les pistons et les parois des cylindres, subissent une usure prématurée. Le risque de voir apparaître des fuites ou des fissures dans la culasse augmente également de manière significative. Les conséquences financières peuvent alors être très lourdes pour le propriétaire du véhicule.

La solution préconisée par les constructeurs automobiles est pourtant simple : il faut démarrer et rouler immédiatement, en adoptant une conduite souple durant les premiers kilomètres. Cette mise en température progressive, associée à un régime moteur modéré, permet une meilleure circulation de l’huile et préserve la mécanique. Il suffit d’éviter les accélérations brutales tant que le moteur n’a pas atteint sa température optimale. Cette recommandation s’explique par l’évolution des technologies. Les voitures modernes sont équipées de systèmes d’injection électronique sophistiqués qui adaptent automatiquement le mélange air-carburant en fonction de la température. Ces systèmes « intelligents » permettent un démarrage optimal même par grand froid, rendant inutile toute période de chauffe statique.

Mais au-delà des considérations mécaniques, un autre argument devrait convaincre les automobilistes d’abandonner cette habitude : c’est tout simplement interdit. L’article R318-1 du Code de la route stipule qu’il est formellement interdit de laisser tourner son moteur à l’arrêt. Les contrevenants s’exposent à une amende de 135 euros, montant qui peut être majoré jusqu’à 375 euros en cas de non-paiement dans les délais.

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