La baisse des taux d’intérêt et des prix du mètre carré commencent à produire leurs effets sur la psychologie des candidats à l’achat immobilier. Même si l’éclaircie est encore timide, les professionnels du secteur aperçoivent une lueur de redémarrage.
Cet été, la météo du marché immobilier a-t-elle amorcé une lente remise au beau ? Dans la foulée de la baisse des taux d’intérêt de juin, quelques signes, encore fébriles, se sont fait sentir. « Il s’agit encore que d’une timide éclaircie » tempère Régis Sébille du portail d’annonces immobilières Bien Ici. Il faut dire que l’on part de loin. Avec 875 000 ventes, 2023 a été une annus horribilis : les transactions immobilières ont plongé de 22 %. Du jamais vu depuis 50 ans.
Les prix ont reculé de 7 à 8 %
Cet été le compteur n’a toujours pas dépassé la barre des 750 000 ventes soit toujours un recul d’environ 20 %. Mais voilà, les prix des biens immobiliers ont (enfin) amorcé une décrue. Selon des chiffres dévoilés courant juillet par les réseaux Foncia et Orpi, le mètre carré a reculé respectivement de 8 % et 7 % sur un an. Après des mois de tension, la baisse des prix se généralise enfin, permettant aux Français de reprendre leurs projets.
« L’optimisme reste de mise pour les prochains mois mais l’équilibre reste fragile » a réagi Guillaume Martinaud, le président du réseau Orpi. Toutefois, dans certaines villes, la baisse est quasi imperceptible comme à Toulouse qui n’affiche qu’un recul d’1 % de ses prix. Dans les faits toutefois, les notaires et agents immobiliers constatent des marges de négociation comprises entre 5 et 10 %.
Crédit : les taux poursuivent leur baisse
Même si la tendance est timide, la psychologie et le moral sont en train de s’inverser portés notamment par la baisse des taux d’emprunt. En juillet, le taux moyen sur 20 ans s’est affiché à 3,62 % contre 4,24 % en décembre. De quoi à redonner quelques marges de manœuvre aux acheteurs et notamment aux primo-accédants qui ne pouvaient plus boucler leur projet en raison du surcoût du crédit. Immédiatement, cette détente s’est fait ressentir dans les chiffres de la production de crédit à l’habitat qui a bondi de 40 % sur le deuxième trimestre 2024.
Autre satisfaction des professionnels de l’immobilier : l’instabilité politique française n’a pas provoqué comme cela était redouté de remontée des taux d’intérêt face à une potentielle arrivée du NFP à la tête de l’exécutif. La temporisation menée par le président de la République laisse entrevoir aux marchés financiers une autre issue possible, plus apaisante pour les agents économiques.
50 % des candidats à l’achat reportent leur projet
Toutefois, la correction des prix est encore trop timide pour vraiment faire repartir le marché. Près de la moitié des potentiels acquéreurs ont reporté leurs projets immobiliers, citant des prix jugés encore trop prohibitifs pour 34 % d’entre eux selon une étude du réseau Orpi. 19 % s’avouent, eux, attentistes face à l’instabilité du marché actuel. Ceux-ci espèrent que les prix baisseront encore avant de se positionner mais les vendeurs semblent tenir bon sur les baisses de prix qu’ils sont prêts à consentir.
La rentrée de septembre sera « charnière »
« Ceux qui ne sont pas pressés, préfèrent attendre que vendre dans l’urgence à prix cassé » confie un agent immobilier toulousain. « Les prix ont diminué de 5,5 % pour les appartements et de 4,9 % pour les maisons selon les notaires mais ce recul devrait s’atténuer les prochains mois « pour s’établir à – 4,8 % sur un an à fin août 2024 », selon les Notaires.
Selon eux, la rentrée de septembre sera une période « charnière pour l’activité du marché immobilier » anticipent-ils dans une note de conjoncture publiée le 30 juillet notant « un point d’atterrissage du marché ». Autrement dit, le plus dur semble être derrière les professionnels de l’immobilier avec un point bas désormais atteint. Si la Banque centrale européenne (BCE) poursuit la baisse des taux directeurs, alors un nouveau souffle viendra soutenir le redémarrage du marché d’ici la fin de l’année.