Placé en redressement judiciaire le 14 octobre par le tribunal de commerce de Toulouse, le promoteur AFC Promotion prépare un plan de continuation. Sa présidente Alexandra François Cuxac, ancienne présidente nationale des promoteurs, explique la situation et prône un discours de vérité.
Après la fermeture de la direction régionale du Groupe Duval et le placement en procédure de sauvegarde de Carrère Promotion, un autre acteur toulousain est touché par la crise de l’immobilier. La Toulousaine Alexandra François Cuxac, désormais installée à Biarritz, a vu sa holding placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Toulouse. Ancienne présidente nationale de la fédération des promoteurs immobiliers (FPI), elle dénonce un abandon total de la filière par les pouvoirs publics.
Votre entreprise est en redressement judiciaire, quelle est la situation ?
Comme d’autres promoteurs, nous faisons face à des difficultés terribles que nous portons à bout de bras depuis deux ans. Nous sommes sortis extrêmement fragilisés du COVID et faisons face depuis, à une crise sans précédent qui touche l’immobilier, mais aussi les maîtres d’ouvrage et toute la chaîne industrielle. Nous avons considérablement réduit la voilure, en passant de 50 à 22 salariés, nous avons baissé nos charges et nos prix, adapté notre production, vendu des programmes en bloc, et en avons abandonné d’autres.
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Malgré tout cela, malheureusement, la holding AFC Promotion a été placée en redressement judiciaire le 14 octobre dernier. Je précise qu’il s’agit d’un sujet conjoncturel suite à une dette URSSAF ; et je déplore d’ailleurs que nous ayons été jugés par défaut car nous n’avons jamais reçu de convocation et n’avons donc pas pu plaider notre cause.
Quelles conséquences pour vos chantiers en cours ?
La mise en redressement judiciaire ne concerne que la holding et non les chantiers en cours, qui sont logés dans des sociétés de support de projets. Tous se poursuivent. Nous portons actuellement une dizaine de chantiers entre Bordeaux, la côte Aquitaine et le Pays Basque, Toulouse, et l’Ile-de-France. Ces programmes représentent environ 300 logements sur lesquels il ne reste plus que 80 lots à vendre. Ceci représente environ 150 millions d’euros dans le pipe line, ce qui pour nous, équivaut à trois ans de chiffre d’affaires.
Mais vous êtes pour l’heure sous surveillance, que se passe-t-il pendant cette période d’observation ?
En effet nous sommes au début de la procédure pour préparer notre plan de continuation et arriver à étaler notre dette URSSAF et des PGE qui arrivent à échéance. Nous allons présenter ce plan avec vingt personnes, mais il n’est pas impossible que l’on nous demande encore de faire des économies. La difficulté des prochains mois sera d’arriver à lancer de nouvelles opérations alors que le volume d’activité a été divisé par deux. Nous avons plusieurs immeubles projetés pour être vendus en bloc, et allons donc travailler avec des partenaires, des confrères promoteurs. Mais dans un contexte qui ne donne que de très faibles signes de reprise, c’est inquiétant. Sans doute serons-nous obligés de renoncer à certains lancements.
Vous avez longtemps représenté la profession et vous vous exprimez malgré une situation délicate, quel est votre message ?
Je fais de la promotion depuis trente ans. C’est un secteur que je connais par cœur. Je suis prudente, informée, experte, entourée, mais dans le contexte actuel ça ne suffit pas. Notre secteur n’est pas soutenu et c’est choquant que personne ne se rende compte que laisser une industrie sans soutien aura des répercussions très graves sur le reste de l’économie. D’ailleurs la plupart des promoteurs nagent, comme nous, à contre-courant et font face à d’importantes difficultés. Je veux rappeler que l’échec ne doit pas être tabou. Il faut oser dire les choses, en tant qu’entrepreneur, on en sort grandi et remobilisé.