Une décision de l’UE pourrait faire grimper les factures de carburant et d’énergie de tous les ménages français.

La hausse des prix de l’énergie est un sujet particulièrement sensible en France. A tel point qu’en 2018, le mouvement des gilets jaunes a éclaté à cause d’une hausse significative des tarifs du carburant. Cette augmentation était en grande partie due à la fiscalité appliquée sur les énergies fossiles. La taxe carbone, instaurée sur l’essence, le fioul et le gaz naturel, est passée de 7 euros la tonne à 44,60 euros, impactant directement le prix à la pompe et les factures énergétiques des ménages.

Or, une nouvelle secousse se profile à l’horizon. En cause, le projet de l’Union européenne de créer un second marché carbone. Cette initiative suscite l’inquiétude de la Cour des comptes quant à son impact sur les factures d’énergie des Français. En effet, un marché carbone permet de déterminer le prix d’une tonne de CO2.

Cependant, plus le CO2 vaut cher, plus les entreprises qui en émettent – notamment celles qui vendent de l’énergie et du carburant – payent des pénalités (des quotas carbone). Conséquence : les prix des énergies et du carburant augmentent.

Pour comprendre cette mécanique, il convient d’expliquer comment fonctionne le premier marché carbone en Europe. Ce système couvre les secteurs industriels gros consommateurs d’énergie, la production d’électricité et l’aviation civile. Un quota annuel d’émissions de CO2 est fixé pour chaque secteur, puis réparti entre les différents acteurs économiques. Ces quotas sont soit distribués gratuitement, soit mis aux enchères. Les entreprises émettant moins que leur plafond peuvent revendre leur surplus sur le marché, tandis que celles dépassant leur quota doivent en acheter. Ce mécanisme vise à donner un prix aux émissions de CO2 et à encourager les acteurs économiques à les réduire pour rester compétitifs.

Le second marché carbone, baptisé ETS 2, couvrira les consommations d’énergie des bâtiments et des transports routiers, sans distinction entre ménages et entreprises, et sans distribution gratuite de quotas. Selon les estimations de la Cour des comptes, basées sur un prix hypothétique du CO2 à 50 euros la tonne, ce nouveau marché carbone pourrait entraîner des hausses de prix de 11 à 13% pour le gaz et de 10 à 11% pour le carburant. Pour les ménages français, cela se traduirait par une augmentation des dépenses énergétiques annuelles comprise entre 200 et 650 euros, toujours selon la Cour des comptes.

Il est important de noter que ce nouveau marché carbone n’entrera en vigueur qu’au 1er janvier 2027. Ce projet s’inscrit dans le cadre plus large du plan « Fit for 55 » de l’Union européenne, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Le second marché carbone est l’une des 13 mesures clés de ce plan.

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