«Trop de bruit». Les habitants sont souvent vent debout contre les touristes qui louent des logements de type Airbnb en copropriété, à cause des nuisances sonores. Les Parisiens seront sans doute rassurés de savoir quâun meublé touristique peut être interdit à cause du bruit. Et même du risque de bruit. Câest la Cour administrative dâappel de Paris qui a acté cette décision. Rue Réaumur, dans le quartier du Sentier (2e arrondissement), une société civile immobilière, ALJ, a souhaité transformer un local occupé par un atelier de confection, au rez-de-chaussée sur cour, en trois meublés touristiques distincts pouvant accueillir «simultanément jusquâà 12 personnes». Une opération qui nécessitait un permis de construire.
En février 2020, la mairie de Paris lâa refusé au motif que le projet «est de nature à porter atteinte à sa salubrité, en raison de lâaugmentation des flux et des nuisances sonores dans la cour dâimmeuble dâhabitation», comme le prévoit lâarticle R111-2 du code de lâurbanisme. Un refus contesté par la société ALJ qui porte lâaffaire devant le Tribunal administratif de Paris. En septembre 2022, elle obtient gain de cause, en première instance. Mais en appel, la cour administrative vient de donner raison à la mairie de Paris, estimant le refus de la municipalité «légal».
«Le projet, par sa nature, son importance, et eu égard à la configuration des lieux, présentait ainsi un risque de nuisances, notamment sonores, excédant les désagréments habituels de voisinage inhérents à lâoccupation de logements collectifs», explique la cour administrative dâappel de Paris dans une décision rendue le 18 juin 2024. Dit autrement, des nuisances causées par le passage furtif dâun ou deux touristes nâauraient sans doute pas permis aux plaignants de gagner leur bras de fer. Pour la cour, il y avait un risque que ces locations touristiques qui ont vocation à devenir une vraie activité commerciale créent de grosses nuisances.
Le veto de la copropriété peut tomber à lâeau
Cette fois-ci, les meublés touristiques ont donc été refusés. Mais il arrive aussi que les loueurs Airbnb obtiennent gain de cause, malgré le veto de la copropriété qui estimait que ces locations nâétaient pas conformes à son règlement. Câest arrivé à Deauville (14) où 5 propriétaires ont été attaqués en justice et ont obtenu gain de cause devant le tribunal de Lisieux. La justice a en effet estimé que lâon ne pouvait pas assimiler à une activité commerciale (proscrite par le règlement de copropriété) la location dâappartements quelques semaines par an. Car selon le tribunal, la «qualification commerciale résulte du caractère habituel de son exercice».
Pour rappel, lorsquâil sâagit dâune résidence principale, il est interdit de louer les lieux plus de 120 jours par an sur une plateforme de type Airbnb. Une proposition de loi, qui prévoit de donner la possibilité aux maires de faire passer ce seuil à 90 jours, a été suspendue après la dissolution annoncée le 9 juin par Emmanuel Macron. Quant aux résidences secondaires, il nâexiste aucune limite de jours mais leur location en meublé touristique est pour autant très contraignante. Elle doit être validée par la mairie qui exigera que le propriétaire dâune résidence secondaire mise en location sur une plateforme touristique loue, en contrepartie, un autre logement.