Depuis la fin de la pandémie, la deuxième économie mondiale peine à relancer une activité lestée par une crise inédite dans l’immobilier, une consommation en berne et un chômage élevé, notamment chez les jeunes. Les nuages s’amoncellent aussi à l’étranger avec l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis qui, pour protéger leurs marchés de produits chinois et de leur concurrence jugée déloyale, multiplient les barrières commerciales.
Ajustements ou réformes radicales?
Le Troisième Plénum, rendez-vous clé autour du président Xi Jinping et organisé à huis clos de lundi à jeudi par le Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir, doit définir les grandes orientations économiques du pays pour les cinq prochaines années. Dans le passé, cette réunion a régulièrement donné lieu à des changements importants de politique économique. Mais Pékin est pour l’instant resté vague.
La presse officielle a indiqué que la réunion «examinera principalement les questions liées à l’approfondissement de la réforme». Nombre d’analystes économiques s’attendent à des mesures de soutien à l’activité.
Ce plénum, initialement attendu à l’automne dernier, «n’a que trop tardé», écrivent dans une note les analystes Sarah Tan et Harry Murphy Cruise, du cabinet Moody’s Analytics. Parmi les mesures qu’ils recommandent: une réforme du secteur immobilier, la création de davantage d’emplois très qualifiés pour les diplômés ou encore une modification de la fiscalité pour alléger la dette des collectivités locales. Mais ils estiment que la direction communiste ne décidera «probablement pas» de réformes radicales et tablent plutôt sur des «ajustements» pour développer le secteur des hautes technologies ou sur l’annonce de «quelques mesures de soutien pour le secteur immobilier».
Des mesures de soutien sont «absolument nécessaires» pour relancer une «économie vacillante», estime l’analyste Ting Lu, de la banque Nomura. Mais le plénum va probablement surtout «discuter de grandes lignes à long terme et de réformes structurelles et non d’ajustements à court terme», déplore-t-il.
La croissance pénalisée par le surendettement dans le secteur immobilier
Sur l’année, le gouvernement vise «environ 5%» de croissance, un taux enviable dans nombre de pays, mais qui reste pour la Chine bien loin des taux à deux chiffres qu’elle a connue ces dernières décennies.
Les autorités souhaitent depuis plusieurs années baser la croissance sur l’innovation, les hautes technologies et la consommation intérieure, et non plus sur les grands investissements étatiques dans les infrastructures. Mais la conjoncture incertaine grippe les dépenses des ménages.
L’activité reste pénalisée par le surendettement dans le secteur immobilier, un traditionnel pilier de croissance où de nombreux promoteurs sont financièrement aux abois.
Les mesures de soutien de Pékin au secteur n’ont eu jusqu’à présent qu’un effet limité. Nombre d’analystes plaident ainsi pour des mesures énergiques, arguant que l’économie n’a toujours pas rebondi un an et demi après la levée des strictes restrictions sanitaires anti-Covid.