Il n’est pas possible de passer sous silence le résultat du premier tour des élections législatives anticipées, si on veut aborder le sujet du Logement et surtout ses perspectives. Nous savions déjà que l’année, pour plus rassurante qu’elle ne le fut en 2023, ne serait pas non plus euphorique. Au risque de choquer certaines et certains, le résultat définitif du 7 juillet prochain ne devrait perturber grandement cette perspective. Ni en mieux, ni en pire d’ailleurs. Analyse de la conjoncture des crédits immobiliers, par Bruno Rouleau, directeur de la Stratégie et de l’Innovation chez AFR Financement.
Sur le sujet de la politique du Logement, les grands noms des corporations du Bâtiment s’inquiétaient la semaine dernière des incertitudes que provoque cette période d’instabilité. Sans préjuger d’un résultat que nous ne possédons pas au jour de ces lignes, il serait étonnant qu’on puisse changer du tout au tout en quelques jours. D’une part, parce que l’Etat n’a pas les moyens d’une quelconque ambition de soutien au secteur. D’autre part, parce que les fondamentaux du marché demeurent les mêmes, à savoir : une pénurie d’offres, un cycle de crise non achevé, et une période de défiance face à un climat géopolitique interne et externe à la France, assez anxiogène.
Sur ces constats, les prévisions bancaires et des économistes se retrouvent sur un volume de transactions dans l’Ancien qui ne devrait pas dépasser les 800.000 actes en 2024, tandis que le Neuf essaie de survivre et voit son horizon s’assombrir encore davantage avec les échéances des nouvelles obligations ou contraintes (RE2020, DPE F et G, décret sur l’entretien des espaces verts…). Du coup, le jeu de la libre concurrence est gêné, puisque les vendeurs ont encore leur mot à dire. Les prix ont entamé un ajustement depuis ces derniers mois dans les zones les moins courues ou sur des biens de moindre qualité. Par contre, la rareté des biens de qualité se reflète dans un retrait des mises en vente, ou par le niveau de prix qui se maintient, notamment dans les agglomérations courues.
Côté « crédit », les banques continuent de revenir sur l’acquisition de nouveaux clients, et face à l’atonie du marché immobilier, multiplient les offres promotionnelles, mais sur des enveloppes de faible envergure, et plutôt en essayant de capter la clientèle des primo-accédants, sur laquelle elles peuvent avoir un taux d’équipement plus fort.
S’agissant des taux de marché, ils avaient déjà réagi suite à la dégradation de la notation de la dette souveraine française par Standard & Poor’s, et avaient déjà anticipé une situation politique complexe. Peu de remous à attendre donc. Ca se note d’ailleurs dans la cotation des taux de l’OAT, plus calés sur la politique financière de la BCE que sur les sujets franco-français.
Dans les barèmes bancaires proposés à la clientèle on est plutôt sur des ajustements ponctuels à l’aube de la période estivale, avec un assouplissement toujours présent mais toujours ciblé. Les écarts sont parfois impressionnants en fonction de la clientèle, et parfois poussé par le recul des taux d’usure trimestriels, tout fraîchement publiés du 28/06.
Concrètement cela donne un panorama actuel des taux moyens qui se présente ainsi :
Prêts relais : entre 3,80 et 4,20 % (taux indiqués hors assurance de prêt)
Prêts sur 15 ans : entre 3,40 et 4,00 %
Prêts sur 20 ans : entre 3,50 et 4,00 %
Prêts au-delà de 20 ans : entre 3,60 et 4,00 %.
Voici du coup, notre panorama des taux pratiqués en moyenne affiche pour ce mois-ci les fourchettes suivantes, quasi-stables, à savoir :
Prêts relais : entre 3,90 et 4,20 % (taux indiqués hors assurance de prêt)
Prêts sur 15 ans : entre 3,40 et 4,00 %
Prêts sur 20 ans : entre 3,50 et 4,20 %
Prêts au-delà de 20 ans : entre 3,70 et 4,45 %.
La vraie bonne nouvelle nous vient de quelques gros fonds d’investissements qui se portent à nouveau acquéreurs de portefeuilles de crédits bien notés. Sans aucun doute la marque d’une projection de baisse des taux sur le long terme, ce qui corroborerait avec la perspective de reflux de l’inflation, sans pour autant revenir à des conditions connues durant 2 ans, mais dont on doit, une fois encore, rappeler que c’était cela la situation anormale et exceptionnelle.
Bruno Rouleau
Bruno ROULEAU ex Président de l’APIC. Diplômé du CNAM dans le domaine bancaire, il a exercé durant 20 ans au sein de 4 groupes bancaires, où il a occupé toutes les fonctions opérationnelles sur les marchés du Particulier, du Professionnel et des PME. Il a ensuite rejoint l’enseigne de courtage en crédits In&Fi Crédits pendant 5 ans, avec la fonction de Directeur Associé, en charge de la Formation, de l’Assistance et des Partenariats, et a créé In&Fi Crédits Pro et l’IFIB (Institut de Formation des Intermédiaires de Banque) aux côtés de Pascal BEUVELET. En 2010, il rejoint le Comité de Direction Générale, puis le Comité Exécutif de CAFPI, en charge des Grands Accords commerciaux du groupe et de l’Organisation Interne. Il a créé MUTANS CONSULTANTS en septembre 2015, cabinet de formation et de conseil qui accompagnait les entreprises et les réseaux dans leur virage digital, et notamment pour optimiser leur mutation dans la gestion de la Relation Client. Revenu dans le monde du courtage en 2018, il a d’abord retrouvé IN&FI Crédits comme Directeur des Partenariats et porte-parole, avant de passer chez La Centrale de Financement comme Secréta ire Général, et est désormais porte-parole et Directeur de la Stratégie et de l’Innovation chez AFR Financement.
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