Selon le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, 20 000 hectares d’espaces agricoles, naturels et forestiers sont consommés en moyenne en France, soit près de cinq terrains de football par heure.
L’objectif « Zan » de 2050
La France s’est donc fixée l’objectif d’atteindre le « Zéro artificialisation nette » (Zan) des sols en 2050, avec la priorité de transformer la ville existante en revitalisant les cœurs des petites et moyennes centralités.
À l’occasion des Assises nationales de la sobriété foncière, qui ont eu lieu les 3 et 4 juillet dans quatre villes de France, l’Ordre des géomètres-experts et l’institut de sondage Opinionway ont voulu savoir, à travers une étude, comment les Français perçoivent la notion de sobriété foncière.
Conscients des enjeux, ils ne sont pas tous prêts à en accepter les conséquences.
Un niveau de connaissance assez hétérogène
Les résultats du sondage pointent un niveau de connaissance assez hétérogène de la signification de l’artificialisation : plus de la moitié des répondants (61 %) déclarent connaître le terme et un tiers seulement prétend bien voir de quoi il s’agit (32 %).
Les connaisseurs l’associent à la notion d’étalement urbain et de bétonisation, devant l’urbanisation, l’imperméabilisation des sols et la diminution des espaces verts.
Conséquence, ce qui est jugé comme naturels, et non artificiels, sont notamment les parcs ou les jardins publics végétalisés (82 % de réponses), les jardins privés associés à des maisons pavillonnaires (79 %), voire même un cimetière végétalisé (68 %).
Dans une moindre mesure, environ 6 Français sur 10 considèrent comme naturels les espaces végétalisés intégrés à des constructions : espaces verts d’un ensemble d’immeubles collectifs (62 %), pelouse plantée d’arbres dans une zone d’activités commerciales (60 %) ou encore cour de récréation végétalisée (57 %).
Lutte contre l’artificialisation : un consensus mais…
Les Français se disent largement favorables à la loi Climat & résilience de 2021 concernant la densification urbaine et l’arrêt des constructions sur les espaces naturels et agricoles (81 % d’entre eux).
Sur le même principe, ils sont favorables à une plus grande densité urbaine dans les îlots urbains qui bénéficient de jardins privés (73 %).
Toutefois, ils préfèreraient qu’elle se concrétise ailleurs que chez eux ! En effet, lorsqu’on leur demande de se projeter dans la situation où une nouvelle construction devrait s’implanter à proximité de leur jardin privé, un Français sur deux aurait alors envie de déménager (52 %).
Mais un Français sur cinq accepterait néanmoins la situation par conscience des enjeux de limitation de l’espace urbain (20 %).
Attachés à leur environnement proche
La densification peine à convaincre les sondés, qui craignent pour leur cadre de vie. Car les Français qui souhaitent déménager cherchent avant tout un endroit plus calme, moins peuplé (39 %), avec plus de verdure (34 %) et davantage d’espace dans leur logement (32 %)…
Sans surprise, les constructions les plus rejetées seraient, de loin, celles qui font de l’ombre ou diminuent la luminosité du logement (gênant pour 90 %), celles qui cachent la vue (gênant pour 88 %) ou celle qui ont une vue sur l’habitation, balcon, jardin (gênant à 85 %).
Mais les Français sont là encore conscients de l’enjeu. Afin de limiter l’utilisation de nouvelles terres agricoles pour l’urbanisation, la grande majorité serait prête à loger en zone urbaine, avec une préférence pour le centre-ville d’une agglomération (48 %) ou sa périphérie (48 %), plutôt que pour le centre-bourg d’une commune rurale (36 %) ou sa périphérie en lotissement (9 %).
Rendre la sobriété foncière acceptable
« La sobriété foncière implique un changement de paradigme dans l’acte d’aménager qui impactera, de facto, le cadre de vie des Français. Nous devons aujourd’hui tenir compte de leurs aspirations, de leurs réticences, pour rendre la trajectoire de sobriété foncière humainement acceptable », souligne Séverine Vernet, présidente du Conseil supérieur de l’Ordre des géomètres-experts.