La trajectoire climatique nous oblige à un certain nombre de changements drastiques
dans la construction
”, annonce clairement Jérôme Di Valentin, chef de services chez Vizcab, en introduisant sa présentation du Baromètre carbone 2024 lors du dernier salon de l’immobilier d’entreprise à Paris.

Présente au SIMI, l’entreprise Vizcab développe une plateforme collaborative dédiée aux acteurs de la construction et milite pour un secteur davantage décarboné. L’objectif est ambitieux : atteindre une trajectoire de réduction de 50 % des émissions de carbone du secteur du bâtiment dans seulement dix ans.

Depuis 2021, ce baromètre est son “initiative clé pour comprendre les tendances qui façonnent l’industrie de la construction et fournir au secteur des informations essentielles pour naviguer dans un paysage en constante évolution”.

Cette 3e édition du baromètre Vizcab résume une consultation menée les mois précédents auprès de 360 acteurs de ce secteur (architectes, ingénieurs, promoteurs immobilier et entreprises générales), notamment en dehors de France, l’enquête ayant été ouverte aux marchés internationaux.

S’emparer de la donnée carbone

Le constat présenté par Vizcab est que pour améliorer son empreinte carbone il faut commencer par avoir une évaluation précise de cette dernière. Il est en effet impossible de réduire l’impact carbone du secteur immobilier sans dresser de véritable bilan comptable carbone provenant des matériaux de construction et des performances thermiques des bâtiments.

Notre ambition c’est de permettre à tous les acteurs de la construction ; aménageurs, promoteurs, architectes, économistes, bureaux d’études et fabricants ; de s’emparer de la donnée carbone et de pouvoir prendre des décisions éclairées sur ce sujet primordial dans l’immobilier”, explique Guillaume Lafont, cofondateur de Vizcab.

La plateforme permet ainsi de répertorier les données carbones et de “démocratiser les ACV”, dixit Jérôme Di Valentin, en permettant aux acteurs d’automatiser facilement l’Analyse de cycle de vie de la construction (la fameuse ACV).

Manque de maturité des ACV

Selon les experts Vizcab, certains acteurs du secteur immobilier ont besoin de monter en compétence avant de se lancer dans la réalisation de bonnes ACV.

En France, on considère qu’on a entre 5 et 10 ans d’avance sur les réglementations sur le bilan carbone. On a une forme de leadership sur ce sujet mais il faut continuer nos efforts car encore beaucoup d’acteurs ont le sentiment de ne pas être compétent en la matière”, souligne Jérôme Di Valentin en déplorant le manque de maturité de certaines ACV.

Stand de Vizcab, une spin-off de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne qui utilise les data sciences pour catalyser la transition carbone du bâtiment, sur le SIMI 2024. © AP-Anne Moreaux

Seulement 20 % des personnes interrogées par l’enquête Vizcab connaissent la règlementation européenne (RE2020, CSRD, taxonomie verte, EBPD). Pourtant, les grandes entreprises souhaitent exprimer leur impact carbone dans leur rapport d’activité. Les enjeux réglementaires pilotent cet enjeu plutôt que les certifications. De fait, la CSRD a eu un grand impact sur le budget carbone des entreprises pour 73 % des répondants.

Le secret du succès relève ainsi de l’anticipation, de la sensibilisation et de la formation des ingénieurs et des promoteurs sur le bâtiment bas carbone. “La bonne pratique est de faire les ACV le plus tôt possible, dès les phases esquisses, avant les dépôts de permis de construire”, insiste l’expert.

La durée moyenne pour la réalisation d’une ACV est de 7 jours en France, et plutôt 5 jours à l’international.

Enjeu des métiers du bâtiment

L’enjeu de l’impact environnemental transforme véritablement les métiers du bâtiment.De nombreux métiers ont pris ce sujet au sérieux et réalisent des ACV régulièrement comme les architectes, les ingénieurs bâtiment, les directeurs de projet ou même les PDG de société immobilière.

Les architectes prennent le sujet à cœur grâce à leur responsabilité et leur assurance professionnelle”, se réjoui Jérôme Di Valentin en ajoutant que “le logement est au cœur d’une stratégie sociale donc un grand enjeu carbone et c’est là où on a fait le plus de progrès”.

Des améliorations qui promettent de perdurer grâce à la sensibilisation des acteurs et à la démocratisation de l’IA qui permet d’optimiser les logiciels de réalisation d’ACV et ouvre un nouveau champ des possibles dans les analyses habituelles.

Optimiste, l’expert prédit “un step en 2025” et assure que “nous pouvons construire comme avant mais en optimisant notre circuit d’approvisionnement”.



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