Dis-moi dans quel quartier tu habites, je te dirais qui tu es. Pour en avoir le cœur net, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) s’est penché sur les quartiers aisés et pauvres à travers tout le pays dans les villes de plus de 10.000 habitants. Ces quartiers doivent contenir au moins 500 habitants et s’appuient sur des «carreaux» du territoire mesurant 200 mètres de côté. Ils ont été déterminés de manière à peser environ 10% de la population des territoires concernés, soit 3,3 millions de Français habitant des quartiers pauvres et 3,2 millions vivant dans des quartiers riches (hors agglomération de Paris, traitée à part). Voici les principaux enseignements de cette étude.

1. Plus la ville est grande, plus la part d’habitants vivant dans des quartiers riches est importante

Dans les villes de 10.000 à 100.000 habitants, la part de la population en quartier pauvre est quasiment deux fois plus importante que celle en quartier aisé (8 % contre près de 4 %). Les communes de plus de 100.000 habitants quant à elles ont une répartition assez équilibrée de la population entre ces deux types de quartiers. Quant à l’agglomération parisienne avec ses 10,8 millions d’habitants, elle compte pas moins de 3,8 millions de personnes dans des quartiers riches contre 1 million seulement dans des quartiers pauvres. Plus précisément les 177 quartiers pauvres d’Île-de-France sont majoritairement situés en Seine‑Saint‑Denis (600.000 habitants) et dans le Val d’Oise (150.000 habitants). Quant aux 140 quartiers aisés regroupant 35 % de la population, ils se concentrent à Paris (1,35 million d’habitants), dans les Hauts-de-Seine (1 million d’habitants) et dans les Yvelines (0,53 million d’habitants).

Crédit Photo : Insee

2. Les quartiers aisés s’étalent beaucoup plus que les quartiers modestes

L’ensemble des quartiers pauvres recensés par cette enquête occupent 480 km² alors que l’on dénombre 2480 km² de quartiers riches, soit une surface 5,2 fois plus importante. Une différence que l’Insee explique principalement par le type d’habitat, la surface des logements, et la taille des ménages. En dehors de l’exception parisienne, la population des quartiers riches vit beaucoup plus en maison qu’en appartement, contrairement à la situation des quartiers pauvres. Sans oublier le fait que la surface des résidences principales des quartiers aisés est plus importante que dans les quartiers pauvres. Un tiers d’entre elles dépasse les 100 m² contre seulement 6 % dans les quartiers pauvres. À Clermont-Ferrand, par exemple, les quartiers aisés occupent 20% du territoire contre 4% pour les quartiers pauvres pour une population équivalente.

3. Une géographie très variable selon les villes

Dans une grande majorité des cas, les quartiers pauvres d’une unité urbaine se situent au sein de la ville-centre alors que les quartiers huppés sont majoritaires dans la périphérie. Mais la question du centre-ville est très variable. Marseille présente ainsi la situation d’une ville très polarisée avec les quartiers pauvres se concentrant au nord de la ville tandis que les quartiers aisés sont regroupés au sud et à l’est. À Strasbourg et à Reims, l’hypercentre regroupe les quartiers riches avec des quartiers modestes en périphérie alors qu’à Perpignan ou à Mulhouse, c’est l’inverse. D’autres villes, telles que Rouen ou Toulouse sont moins polarisées avec une dispersion des quartiers pauvres et aisés.

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4. Des revenus du simple au double

Le niveau de vie médian hors région parisienne (celui qui coupe la population en deux parts égales) s’affiche à 1180 euros dans les quartiers pauvres contre 2740 euros pour les quartiers aisés. Et en région parisienne, c’est 1280 euros contre 2940 euros. L’Insee note également que les quartiers pauvres sont moins mixtes que les quartiers aisés avec des écarts de revenus sensiblement plus faibles.

5. Des jeunes et des familles monoparentales plus présents dans les quartiers pauvres

Dans les quartiers pauvres, l’âge moyen est de 35,3 ans contre 42,1 ans dans les quartiers aisés. Près du quart des habitants (24 %) ont moins de 15 ans dans les premiers contre 16 % dans les seconds. Côté familles monoparentales, elles représentent 32% des familles des quartiers pauvres contre 13% dans les secteurs aisés.

6. Des logements suroccupés dans les quartiers pauvres

L’Insee dénombre 6% de logements suroccupés dans les quartiers riches contre 14% dans les quartiers pauvres, soit 2,5 fois plus. En région parisienne, les proportions et les écarts sont encore plus importants: respectivement 9% et 26%, quasiment 3 fois plus. Seuls les quartiers pauvres de la région niçoise affichent d’aussi mauvais scores (26 % de logements suroccupés également).

7. Beaucoup plus de cadres et indépendants dans les quartiers riches

Alors que le taux de chômage au sens du recensement de la population est de 8 % dans les quartiers aisés, il atteint 28 % dans les quartiers pauvres (21 % en région parisienne). Côté catégories socioprofessionnelles, on trouve 71% d’ouvriers ou employés dans les quartiers pauvres contre seulement 24% dans les quartiers riches. À l’inverse, près d’un habitant sur deux des quartiers aisés est artisan, commerçant, chef d’entreprise ou cadre, soit quatre fois plus que dans les quartiers pauvres.

8. Annecy est une exception

C’est la seule unité urbaine de plus de 100.000 habitants ne possédant pas de quartier pauvre au sens de l’Insee.

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