La location d’un appartement T2 est un véritable parcours du combattant dans le Gers. Peu de biens – ou très chers – et pas de roulements. Les agents immobiliers ont des explications.
Quand il s’est mis en couple avec une Gersoise, Lucas le Toulousain n’imaginait pas qu’il rencontrait de telles difficultés à se loger dans le département. « À Toulouse, c’est la guerre pour trouver une location, mais je pensais que dans le Gers, ce serait très simple », se souvient-il. Aujourd’hui, après avoir patienté plus de 6 mois dans un studio, les deux tourtereaux ont déniché la perle. Ils sont nombreux dans ce cas. Et ce n’est pas près de changer.
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« Avant, on avait beaucoup de biens en location, y compris des T2, explique Jean-Luc Chaubell, conseiller location chez Square Habitat. C’était particulièrement vrai sur les constructions vers 2004-2007. Au moment du Covid, beaucoup de ventes se sont faites vers les primo-accédants, qui ont bénéficié d’une fin de défiscalisation. »
Conséquence directe : des biens qui couvraient une partie des demandes sont sortis du parc locatif privé. Sans renouvellement de l’offre. Même si Auch est plus concernée que le reste du département, le mouvement est général, d’autant qu’il y a eu moins de constructions hors de la préfecture.
Demande croissante
La demande, elle, n’est pas près de faiblir. « Si on avait beaucoup de T2, évidemment, on les louerait tous, s’exclame le conseiller. Donnez-moi 30 T2, je vais vous les louer ! » Les banques ayant fermé le robinet des crédits immobiliers, les locataires ne quittent plus leur habitation. Pas de roulement de l’offre… Et le T2 est souvent le seul type de location que peuvent s’offrir des Gersois célibataires ou en couple. Les dossiers de location imposent des revenus qui représentent trois fois le montant du loyer. « Si vous avez un salaire à 1 500 €, la moyenne dans le Gers pour un célibataire, vous êtes au maximum, relève Jean-Luc Chaubell. Auparavant, les T2 coûtaient 430 € au mois. Maintenant, ils arrivent à 500 €. »
Les bailleurs trop gourmands rencontrent cependant des difficultés à trouver preneur. Problème : a contrario, les loyers les plus abordables attirent les locataires aux dossiers les moins solides, note Elodie Gayraud, directrice d’agence Human Immobilier.
Contrecoup du DPE
La rareté des biens n’a pas arrangé les choses. Les dernières lois interdisant la location de biens notés « G » en diagnostic de performance énergétique (DPE) ont découragé certains propriétaires. « Ils ont préféré vendre que de réaliser les travaux, remarque Elodie Gayraud. Et à partir de 2028, ce sera le tour des biens notés F. » Avec 10 agences dans le département, la responsable a une bonne vision des carences. « C’est une demande de T2 par jour et par agence », confie-t-elle. Elle pointe aussi le phénomène Airbnb, bien présent dans le Gers, qui retire des logements du circuit des locations résidentielles classiques.
Le social pas mieux loti
Le parc de logements sociaux gersois connaît aussi des problèmes. La plupart des programmes qui constituent l’essentiel de l’offre dans le département, date d’un temps où on bâtissait du logement familial, et en particulier du T4. « Aujourd’hui, entre les nouvelles formes familiales et le vieillissement des locataires, on a de plus en plus de demandes de T2, explique un responsable de l’office public des HLM d’Auch. Et la puissance de créations de logement social n’a rien à voir avec celles des années 60 ou 70 ! »
Les nouveaux programmes, comme celui de l’ancienne gendarmerie de Gimont, intègrent automatiquement près de 50 % de « petites surfaces », T2 ou T3. Et comme dans le secteur privé, les locataires ne sont pas pressés de quitter leurs murs. « Il sera difficile de rattraper le retard en matière de construction, concède l’OPH. L’époque n’est pas propice à ce type d’investissements… »
