« Le Gard est le département métropolitain le plus exposé aux inondations« . C’est par ces mots que Marianne Laganier, chef d’unité prévention des risques à la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) du Gard, a débuté la réunion publique portant sur l’élaboration du Plan de prévention des risques d’inondations (PPRI). Une assemblée qui a regroupé une trentaine de personnes dans le salon Malraux de la mairie d’Uzès, mardi 12 mars 2024, quelques jours à peine après les inondations meurtrières qui ont eu lieu dans le département.

Un événement tragique parmi d’autres, comme l’a rappelé Marianne Laganier : des crues qui ont parfois un coût humain mais qui ont aussi un coût financier. Pour indemniser les victimes de ces catastrophes naturelles qui se répètent, il existe en France le système solidaire Catnat. Et compte tenu de la récurrence et de la violence des épisodes qui le touchent, le Gard est « très bénéficiaire » de ce système.

Dans les faits, 22,3% du territoire du Gard se trouve en zone inondable et 37% de sa population vit de manière permanente en zone inondable (contre 26% au niveau national). D’où l’intérêt de mettre en place au PPRI, annexé au Plan local d’urbanisme. Si ces outils se sont multipliés sur le territoire depuis les crues de 2002, certains territoires n’étaient toujours pas concernés, à l’image du bassin versant Alzon-Seynes qui comprend douze communes dont Uzès, Saint-Siffret, Saint-Hippolyte-de-Montaigu et Saint-Victor-des-Oules, concernées par la réunion du 12 mars.

« Les collectivités devront se référer au PPRI pour connaître la faisabilité des projets, indique l’experte. En contrepartie, ils pourront faire appel aux fonds Barnier pour le financement d’étude ou de travaux, dans le cadre du programme d’actions de prévention des inondations« . Une forme de donnant-donnant afin de consolider et préserver le système Catnat mais aussi et surtout, « assurer la sécurité des personnes pour éviter qu’elles se trouvent mises en danger« .

Pour concevoir le PPRI du bassin versant Alzon-Seynes, la DDTM s’est appuyé sur des bureaux d’études compétents. Si son processus de création est basé sur plusieurs étapes théoriques et de terrain, l’objectif est bien de croiser l’aléa (sortie du cours d’eau de son lit, débordement, inondation) avec les enjeux liés à la présence humaine. Pour établir les modèles et la cartographie, les experts se sont basés sur un aléa de référence : soit une crue historique connue et suffisamment documentée, soit une crue centennale modélisée.

C’est cette seconde possibilité qui a été retenue pour le PPRI du bassin versant Alzon-Seynes. Il est aussi nécessaire de prendre en compte dans l’étude la situation hydrologique particulière du Gard avec des crues rapides et surprenantes rendant ces phénomènes dangereux.

Comment le PPRI se traduit-il à Uzès ? 

Si, d’après les premières cartes du PPRI révélées, le centre-historique de la cité ducale ne semble pas être concerné par ces aléas climatiques, la zone de Pont-des-Charrettes et les alentours de l’usine Haribo sont à ce jour classés en aléa fort voire très fort. Cela signifie qu’en cas de brusque montée des eaux, avec la force du débit, « il est impossible pour un adulte de tenir debout et les secours ne peuvent pas vous secourir« . Un constat glaçant qui peut se produire à partir de 30cm d’eau avec un débit très fort. « C’est pourquoi le PPRI interdit toute nouvelle construction dans les zones en aléa fort et très fort« , lance Marianne Laganier.

Une cartographie qui a soulevé l’intérêt du premier édile uzétien, Jean-Luc Chapon qui a interrogé la chef d’unité prévention des risques de la DDTM sur l’aspect immuable du document. « Il est vrai qu’il peut y avoir des remarques de particuliers ou de collectivités qui nous disent que leur terrain ne ressemble pas du tout à ce qu’on a analysé. Cela peut-être corrigé si l’on nous fourni un relevé topographique« , précise Marianne Laganier. De plus, le maire d’Uzès s’est interrogé sur les eaux de ruissellement, aléa climatique bien connu dans le secteur sauvegardé d’Uzès. « Le PPRI est centré sur les phénomènes de débordement« , explique l’experte.

Cette réunion était une première étape dans la présentation de ce PPRI toujours en cours de création. Une période de concertation de la population est ouverte jusqu’au 27 mars durant laquelle les Uzégeois pourront prendre connaissance du projet et faire part de leurs remarques par mail ou par courrier postal. Une date butoir qui a étonné Bernard Poissonnier, adjoint en charge de l’urbanisme à la mairie d’Uzès. « 15 jours de concertation, c’est un peu court…« , a-t-il souligné.

« Oui c’est vrai mais il y aura aussi l’enquête publique durant laquelle la population pourra s’exprimer. Si on décale, elle aura lieu pendant l’été et ça, on ne fait pas« , a rétorqué Sébastien Ferra, directeur départemental de la DDTM qui espère pouvoir lancer l’enquête publique courant juin, pour un mois.

Dans ce cas de figure, le PPRI du bassin versant Alzon-Seynes devrait être finalisé fin 2024.

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