Sans plan local d’urbanisme depuis son annulation par la justice, Toulouse Métropole élabore le premier projet de l’Hexagone qui intègre l’objectif de sobriété foncière imposé par la loi Climat. Ce jeudi, une première version de la nouvelle cartographie, avant enquête publique, a été votée par les élus.
Toulouse et les 36 autres communes de la Métropole ont franchi une étape importante ce jeudi, lors de l’assemblée des élus, dans l’élaboration du plan d’urbanisme qui dessinera le visage de la ville et de son intercommunalité. Une étape qui aidera aussi le marché de l’immobilier, à la peine, à redécoller. Où construire des logements et entreprises ? Dans quelle proportion, avec quelles dimensions, quelles hauteurs ? Depuis 2021, la Métropole n’a plus de plan d’urbanisme. Celui qui avait été élaboré et promu en 2019, traduction de la « densité modérée » promise par Jean-Luc Moudenc aux municipales de 2014, a été annulé par la justice administrative, obligeant la collectivité à relancer un travail colossal.
Depuis ce jeudi, les habitants ont retrouvé une règle d’urbanisme. Plus précisément une première version qui sera soumise à enquête publique avant d’être votée fin 2025. Mais une première version qui fixe déjà, à la parcelle près, la constructibilité pour la période 2025-2035.
Concrètement, début juillet, quand le PLU sera mis en ligne sur le site de la Métropole, les habitants pourront voir si leur terrain, celui de leurs voisins et ceux du quartier sont susceptibles de recevoir de nouvelles constructions : maisons, extensions, immeubles…
7 400 nouveaux logements par an
Depuis 2021 et la loi Climat, la règle de fabrication de la ville a changé. L’utilisation des terrains naturels, agricoles et forestiers doit être divisée par deux par rapport à la consommation des dix dernières années. Avec l’objectif du zéro artificialisation nette en 2050. Autrement dit, pour des raisons écologiques et pour lutter contre l’étalement urbain, l’extension sur des terres vierges devient l’exception. Et la densification, déjà en cours, la règle.
Toulouse et les 36 communes vont donc encore s’urbaniser et les immeubles pousser. Mais pas n’importe où et comment. Pour accueillir 9 000 nouveaux habitants par an (dont 60 % liés aux naissances) – l’objectif que se fixe la Métropole vu sa démographie –, ce qui correspond à la construction de 7 400 logements par an, le plan détermine d’abord des zones. La première zone (Toulouse, Blagnac et Colomiers) doit recevoir 53 760 logements, soit 72 % des besoins dont 64 % à Toulouse. La seconde (Balma et Tournefeuille) 4 790. Puis une première couronne 10 040. Et enfin, les communes restantes 5 790.
Autres grands principes : ces nouvelles constructions, toujours aussi peu appréciées par la population, doivent être concentrées le long des axes de transports en commun, à commencer par la 3e ligne de métro. Le plan prévoit 90 % des constructions dans ces corridors. Mais aussi dans des zones où l’urbanisme est encadré comme les ZAC.
C’est grâce à une étude fouillée de ce qu’il est possible de construire dans les zones déjà urbanisées à Toulouse mais aussi dans les communes que ces quotas ont pu être déterminés. Et Toulouse, avec la 3e ligne et ses nouveaux quartiers, peut encore absorber l’essentiel des besoins.
Avantage de la densification : 97 % des espaces naturels du territoire sont préservés dans le nouveau plan d’urbanisme. La Métropole prévoit de consommer une quantité réduite de terres naturelles, 480 hectares au maximum. La répartition de 382 de ces hectares est déjà planifiée : 171 pour l’habitat, 54 pour l’emploi… Dans cette nouvelle carte de l’urbanisation, Airbus et l’industrie aéronautique, bien que relevant d’une enveloppe foncière nationale, sont soumis à la même règle de sobriété.