Les résidences secondaires nâont pas le vent en poupe au Pays basque. Câest le moins que lâon puisse dire. Les habitants ne parviennent plus à se loger, ce qui attise la colère des associations. Des tuiles avaient même été retirées du toit de la maison familiale du ministre de lâÃconomie Bruno Le Maire en juillet 2022. Cette fois, câest une maison basque de près de 350 mètres carrés perchée sur les hauteurs dâun village typique du Pays basque, Ayherre, qui cristallise les tensions. Elle est affichée à 1.495.000 euros, soit plus de 4000 euros le mètre carré, et une potentielle acheteuse sâest déjà positionnée sur le bien et a fait une offre à 1,37 million dâeuros. Elle est bien connue du collectif Arberoa LurraEtxebizitza.
Résidant aux Ãtats-Unis, elle souhaite faire lâacquisition dâune résidence secondaire au Pays basque mais ce nâest pas la première fois quâelle se positionne sur un bien dans la région. Elle avait eu un coup de cÅur pour une ferme rénovée à Saint-Esteben, en août 2023, affichée au prix de 1,27 million dâeuros. Des manifestations avaient eu lieu devant le corps de ferme afin de contrarier la vente. «Elle nous avait contactés et nous avions discuté. Nous lui avions expliqué nos raisons, la situation au Pays basque. Elle nous avait dit que si elle avait su, elle ne se serait pas positionnée», affirme Philippe Saint-Aroman, du collectif Arberoa LurraEtxebizitza, à Sud Ouest .
Achetée en 2018 pour 250.000 euros
La résidente californienne avait fini par se rétracter. Mais cette résignation a donc été de courte durée. Moins dâun an plus tard, elle sâintéresse à un autre bien haut de gamme du Pays basque, une ancienne ferme du 18e siècle avec piscine, ce qui a provoqué la colère des opposants à cette «vente spéculative». Ils demandent à lâacheteuse «de renoncer à lâacquisition à un prix sans rapport avec la valeur réelle du bien et inaccessible aux habitants du territoire».
La propriété est-elle vraiment affichée à un prix spéculatif ou bien à un prix de marché? Les prix du mètre carré à Ayherre tournent plutôt autour de 3200 euros pour une maison et non 4200 euros, comme ici. Le bien serait donc plus élevé que le prix du marché. Toutefois, des travaux ont été menés pour réhabiliter complètement lâancienne ferme, ce qui peut expliquer une hausse du prix. Le diagnostic de performance énergétique (DPE) est excellent, B, ce qui peut aussi valoriser le bien. Mais pas dans de telles proportions, selon la municipalité.
«Câest un prix hors sol. La maison a été mise sur le marché en décembre dernier pour 1.600.000 euros. On avait réagi avec stupeur et on avait fait part de notre émoi au vendeur trois jours après avoir vu lâannonce. Le vendeur lâa achetée en 2018 pour 250.000 euros. Chez nous, les maisons se vendent entre 300.000 et 500.000 euros, jamais plus, même si cette maison a du cachet. On rejoint des prix qui se pratiquent sur la côte, câest incompréhensible», sâemporte Arño Gastambide, le maire dâAyherre, auprès du Figaro. «Nous essayons de maintenir du foncier à un prix accessible pour tout le monde dâoù la stupeur de la mairie», indique-t-il.