Depuis le 1er janvier 2025, les logements avec une étiquette énergétique de classe « G » sont interdits à la location. Qu’en est-il dans le Lot ?
« Ma facture d’électricité a été multipliée par six entre octobre et décembre, j’en suis presque à 200 euros ». Nouvel arrivant dans le Lot, ce locataire, qui souhaite rester anonyme, déchante. « Le bailleur ne m’a pas fourni de DPE. Je chauffe avec des radiants et je n’arrive pas à dépasser les 18 degrés ! » Selon le Service de la donnée et des études statistiques (SDES), le Lot comptabilise 16 651 logements avec une classe énergie « F » ou « G ». Depuis le 1er janvier 2025, ces logements classés « G » ne peuvent plus être loués. Suivront en 2028, ceux qui seront classés « F » dans le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). Cette exclusion du parc immobilier locatif résulte de la loi Climat et résilience adoptée en 2021 qui vise à réduire le nombre de logements dits « indécents » et énergivores forts émetteurs de gaz à effet de serre.
Obligation de communiquer le classement aux locataires
« On s’aperçoit qu’il y a encore un manque d’information » constate Estelle Chinnici-Bousquet, directrice de l’ADIL (Association Départementale Information Logement) du Lot. « Dans les ateliers BailRenov que nous avons lancés dans le département, on s’aperçoit que les propriétaires ne sont à la fois pas informés mais aussi angoissés par les obligations. Nous leur rappelons que pour percevoir un loyer, l’étiquette énergétique doit être communiquée au locataire. En cas de révision du loyer, le bailleur doit aussi avoir effectué un diagnostic. »
Des propriétaires sous pression : la vente comme solution ?
« Le coût des travaux énergétiques enclenche souvent la mise en vente du bien » observe Jean-Marc Nordmann, directeur de l’agence Guy Hoquet à Cahors. « Le propriétaire, dans la majorité des cas quand il est bailleur depuis des années, n’a pas envie de faire des travaux. Le coût, les démarches, les embêtements quand il y a un locataire déjà en place. Et pour quels gains ? Une majorité de bailleurs préfèrent rester hors la loi en continuant de louer. »
Après le prix de la taxe foncière, le DPE est cependant le deuxième critère de sélection demandé par les futurs locataires. Mais la situation du marché immobilier est telle que le locataire doit souvent se contenter d’un logement moins bien classé énergétiquement explique Marc Nordmann. « Les gens n’ont pas le choix et c’est une grosse problématique. C’est pourquoi j’encourage plutôt les propriétaires de biens anciens à vendre s’ils n’entreprennent pas de travaux de rénovation. Cela permet à des jeunes ménages de les acquérir à un prix plus accessible et les rénover ensuite. Nous avons déjà vendu des biens mal classés énergétiquement jusqu’à 25 % moins chers que des biens similaires, mieux classés ».
L’obligation d’informer aussi les acheteurs du bien
Bien que toute annonce de vente ou de location d’un bien immobilier doit faire mention de la lettre référençant le classement énergétique, l’information ne figure pas toujours. « C’est cependant une obligation, mais beaucoup de propriétaires s’en moquent » se désole Jean-Marc Nordmann, directeur de l’agence Guy Hoquet à Cahors. « Cela m’agace. Je constate aussi que certains confrères ne communiquent pas toujours le classement du bien sûr l’annonce. Je me bats contre cela. J’interdis qui que ce soit dans mon agence de diffuser un bien sans le DPE. C’est notre travail de faire en sorte que les biens que nous proposons en location soient les mieux entretenus par les propriétaires. Un propriétaire qui viendrait avec un logement classé G pour le mettre en location chez nous, nous l’alertons qu’il ne pourra pas le louer avant de faire des travaux ».