C’est un véritable fléau qui ne cesse de croître en France et laisse des milliers de Français désemparés lorsqu’ils voient leur maison – souvent le projet d’une vie – lézardée de profondes fissures qui menacent la structure de l’édifice, les façades, les murs porteurs, les sols ou les huisseries. Le phénomène de retrait-gonflement des argiles (RGA) qui en est à l’origine – des mouvements des sols liés à leur assèchement – n’est pas nouveau. Il est même parfaitement connu des scientifiques et il fait l’objet d’une fine surveillance notamment de la part du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) qui le cartographie.
Mais depuis plusieurs années maintenant, le nombre de sinistres augmente de façon exponentielle, au fur et à mesure que les sécheresses se multiplient et s’intensifient sous le coup du réchauffement climatique, faisant de ce phénomène une véritable « bombe sociale » en termes de logement.
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48 % du territoire hexagonal – 49 % en Occitanie – sont en zone d’exposition moyenne ou forte et les perspectives ne sont guère encourageantes comme le montrent la récente étude conduite par l’association Conséquences ou les chiffrages de France Assureurs. 16,2 millions de maisons pourraient être exposées à l’horizon 2050 à des aléas moyens ou forts si le réchauffement du climat se poursuit et adapter l’intégralité de ces maisons pourrait coûter jusqu’à 7 milliards d’euros par an. Alors que l’impact financier du RGA sur le régime des catastrophes naturelles (Cat Nat) a explosé en 2022 pour s’élever à plus de 3 milliards d’euros, c’est tout l’édifice d’indemnisation des sinistrés qui est en péril.
Le retrait-gonflement des argiles nous place au pied du mur et nous impose d’agir sur au moins trois axes. D’abord trouver des mécanismes pour une juste indemnisation des sinistrés dont beaucoup subissent un éprouvant parcours du combattant. Les litiges entre sinistrés, maires et assureurs sont hélas courants, et génèrent incompréhension et colère. Députés et sénateurs se sont récemment divisés sur la proposition de loi de Sandrine Rousseau visant à élargir les indemnisations et les communes éligibles au régime de catastrophe naturelle. Il va pourtant bien falloir trouver une voie de passage.
Le second axe est bien sûr la prévention de ce phénomène et l’adaptation des maisons exposées. Les travaux sont possibles mais souvent lourds, complexes et coûteux ; et les standards de construction doivent pouvoir s’améliorer. Là aussi, il faut trouver un chemin pour que les Français touchés soient aidés si besoin et bien prévenus.
Enfin le dernier axe, sans doute le plus difficile, suppose de revoir nos politiques d’aménagement du territoire en les liant aux conséquences du réchauffement climatique, actuelles et modélisées pour les années à venir. Il faudra avoir le courage politique de déclarer inconstructibles certaines zones, voire détruire certaines habitations et reloger leurs occupants dans de nouvelles maisons plus sûres, de nouveaux quartiers. Un défi de taille que nous n’avons d’autres choix que de relever.