Des locataires d’un HLM du centre-ville de Toulouse sont en colère après Toulouse Métropole Habitat. Ils lui reprochent d’avoir agi de « manière brutale » lors d’une opération de nettoyage des communs. Le bailleur social livre une tout autre version et indique que ses agents ont été insultés lors de l’intervention.
Une foule dense entoure Emmanuel Morel, le directeur général adjoint de Toulouse Métropole Habitat, venu à la rencontre des habitants de la résidence Saint-Georges ce 10 juillet. Certains résidents crient et s’invectivent, exprimant leur frustration. Ils se reprochent mutuellement un manque de savoir-vivre qui empoisonne l’ambiance de cet immeuble situé rue Joseph-Malaret, au centre-ville de la Ville rose.
Le responsable est venu apaiser les tensions dans ce HLM. Une semaine auparavant, le bailleur social avait débarrassé cet immeuble, surnommé « la verrue du quartier » par les riverains, de ses encombrants. La société de nettoyage diligentée par le bailleur social a ramassé plus de 65 m³ d’objets stockés dans les couloirs du bâtiment.
Manque d’humanité ?
L’opération a néanmoins suscité un tollé chez certains résidents. Nadia a pris la tête de la fronde. Cette mère de famille est furieuse : « Ce qui s’est passé est inadmissible. Les agents de TMH ont agi de manière brutale, saisissant toutes les bicyclettes des enfants dans les couloirs. Lorsque les parents ont tenté de récupérer les vélos, les déménageurs les ont retirés de force avant de les jeter dans un camion. »
Selon elle, ils ont aussi manqué d’humanité envers les résidents âgés. « L’équipe de nettoyage a enlevé tous les pots de fleurs et les plantes des paliers. Certaines grands-mères ont été profondément affectées. Elles pleurent encore, car c’était leur unique lien avec la nature dans ce paysage urbain », s’émeut-elle, la voix tremblante.
La sécurité avant tout
Le tableau dressé par cette locataire est à mille lieues de la version des faits livrée par le bailleur social. Emmanuel Morel assure que l’intervention des déménageurs avait été « préparée bien en amont ». Les courriers envoyés à tous les locataires détaillaient le mode opératoire de ce « grand débarras ». « Nous avons essayé de rencontrer tous les locataires personnellement avant de lancer l’opération et d’expliquer la démarche. Notre objectif est de garantir la sécurité de tous les résidents. En tant que bailleur, nous devons veiller à ce que l’accès aux appartements soit dégagé pour les secours, minimisant ainsi les risques d’accidents. L’intervention a été intégralement financée par le bailleur soit un peu plus de 3 000 euros », précise le directeur général adjoint de TMH.
Des canapés et des détritus
en tous genres
Les photos des parties communes, prises par les équipes de l’office public avant le nettoyage, sont révélatrices. Dans les couloirs du bâtiment, on trouvait des détritus en tous genres, des sièges, des canapés, des tables et même une gazinière en état de marche…
Pour Marie-Claude, une résidente de 72 ans, depuis 34 ans locataire, il était nécessaire de ranger les couloirs avec plus de discernement : « Personnellement, on ne m’a rien enlevé. Cependant, pour certaines personnes qui ne sortent jamais, une petite table avec quelques chaises devant leur porte représentait une bouffée d’oxygène, favorisant les interactions sociales avec leurs voisins. » TMH annonce que les vélos et trottinettes en état de marche pourront bientôt être récupérés par leurs propriétaires. En revanche, l’intégralité de plantes et pots de fleurs ramassés est définitivement perdue.
Plainte déposée contre une locataire
Lors de l’opération de nettoyage controversée, il semble que certaines limites aient été franchies. La Responsable clientèle et territoires Rive Droite, présente lors de l’intervention du 3 juillet, aurait été insultée en arabe par une locataire mécontente de voir ses pots de fleurs emportés par les déménageurs, traitée de « sale Marocaine ». Elle a déposé plainte vendredi au commissariat central, comme l’invite à le faire systématiquement Toulouse Métropole Habitat. Il appartiendra au parquet de Toulouse de déterminer si les faits sont suffisamment caractérisés. La porte-parole des locataires en colère affirme que cette résidente aurait été bousculée lors de l’intervention des services de TMH et assure qu’elle va porter plainte.