A Nice, après près de deux ans de travaux complexe d’infrastructure, le chantier de Joia Méridia, le plus grand projet immobilier de la Côte d’Azur, vient d’entrer en phase gros œuvre des premiers bâtiments.
« Les élévations ont démarré en zone sud où la dalle du parking est totalement achevée. Il s’agit de la résidence Hana, l’immeuble de Sou Fujimoto et du lot M2, confié à Anouck Matecki. Le lot M7.1 de l’agence Lambert-Lenack vient également de s’engager » explique Thomas Defrasne, le directeur régional Côte d’Azur de Pitch Immo.
Maître d’ouvrage, Pitch Immo (mandataire de l’opération) est associé à Eiffage Immobilier et à 3F Sud (l’entité du groupe Action Logement en charge de 37 logements en accession sociale) pour réaliser ce vaste quartier mixte et diversifié au cœur de Nice-Méridia.
Joia Méridia, un projet XXL à Nice
Joia Méridia comportera en effet 780 logements mais aussi des commerces de proximité, des bureaux, une résidence étudiante, un hôtel, des espaces d’activités sportives et de loisirs, une conciergerie de quartier et de nombreux éléments d’innovation et d’urbanité : trois places publiques, un « rez-de-toiture » avec des niveaux supérieurs des immeubles reliés entre eux par des passerelles, de l’agriculture urbaine en terrasse pour les habitants…
Pour les immeubles en partie nord du site, le démarrage du gros œuvre interviendra un peu plus tard, à l’été, une fois la totalité de la dalle supérieure des parkings achevée dans ce secteur.
Un projet soumis à de nombreuses contraintes géotechniques
Il faut dire que réaliser 1 136 places de stationnement souterrain sur trois niveaux (dont 576 publiques qui ont été vendues à Indigo) dans le sous-sol de la plaine du Var n’a pas été un chantier simple, en particulier dans cette zone nord. «
Avec une présence à -4m de la nappe phréatique, il a fallu déployer un éventail de techniques de renforcement et d’étanchéité des sols : des parois moulées périphériques, un bouchon en terre alluvionnaire, des injections de coulis de ciment pour former des colonnes et stabiliser le fond de fouille » détaille Joseph Landra, directeur de projets chez Pitch Immo. Ces interventions nécessitent des pompages d’eau mais ils restent limités avec des débits de 4m3/h en zone nord. Ils se poursuivront jusqu’à la fin du gros œuvre.
700 pieux enfouis dans le sous-sol de Nice
Précédemment, ce sont quelque 700 pieux qui avaient été enfouis dans le sous-sol pour assurer la stabilité des fondations des futurs bâtiments de Joia Méridia. Au total, les mesures prises pour s’affranchir des contraintes géotechniques de l’opération ont représenté une dépense de 7 millions d’euros. Pitch Immo et Eiffage Immobilier ont créé un GIE spécifique à l’intérieur du projet pour porter la réalisation de ces infrastructures.
Pour les terrassements, les imposants volumes générés par le chantier (3000 m3 de terre végétale, 120 000 m3 d’alluvions gravillonnaires) ont donné lieu, après dépollution, à du recyclage et du réemploi de matériaux à grande échelle. La terre végétale a été mise à disposition des paysagistes de Nice. Les alluvions sont partis dans deux centres de recyclage de la SEC (Société d’exploitation de carrière, groupe Vinci) dont un situé à moins de 5 km du chantier de Joia Méridia.
Les Pme locales fortement présentes sur le chantier de Joia Méridia
Triés et concassés, ils ont servi pour la production locale de béton ou ont approvisionné directement les centrales installées sur le chantier. Pour les bétons issus du recépage des pieux et des inclusions, ils ont été criblés et concassés sur site pour être recyclés hors site. L’autre grande caractéristique du chantier de Joia Méridia est que, malgré son importance -il pèse 150 millions d’euros de travaux et représente 75 000 m² de plancher-, il a largement été ouvert aux Pme locales et régionales.
Pour la partie du projet réalisée par Pitch Immo (environ 65% de l’opération), « le recours aux corps d’état séparés, nous a permis d’attribuer 90% des marchés à des entreprises azuréennes ou de la région Provence Alpes Côte d’Azur. Et cela dans un contexte de forte hausse des coûts de construction, +20%, que nous avons absorbée » souligne Thomas Defrasne. Le maître d’ouvrage a tout de même pris des précautions, incitant les PME à se constituer en groupement pour leur permettre de faire face à l’importance de ces marchés.
A ce jour, la totalité a été lancée (une vingtaine de lots) et ils vont mobiliser quelque 80 entreprises. Parmi celles-ci, on trouve un groupement CCM / SCM pour le gros œuvre des lots M6 (campus Joia, pôle loisirs, logements et maison médicale) et M7 (deux ensembles de 47 et 122 logements) et pour la zone 2 des parkings. MGB est en charge du gros œuvre des lots M1 et M2 (l’immeuble Hana et les 72 logements d’Anouck Matecki, ceux de Chartier-Dalix et de Lambert-Lénack).
Pour les lots techniques, seront à pied d’oeuvre les groupements Bezzina / Amman Provence (plomberie / CVC des lots M6 et M7), Mie / Omega (électricité M6 et M7), Omega / Europelec (électricité lots M1 et M2). On trouve aussi Concept Baie / NTM (menuiseries extérieures lots M1, M2, M6, M7), Pro Etanche (étanchéité pour les mêmes lots), etc.
Dix grues jusqu’à mi-2024 dans le ciel de Nice
Compte tenu des spécificités architecturales des immeubles de Joia Méridia et en particulier du projet de Sou Fujimoto -ses terrasses en forme de pétales, percées de puits de lumière et s’élargissant avec la hauteur de l’édifice-, le chantier comporte un marché inhabituel, un lot balcons pour l’immeuble Hana. Ce marché à 11 millions d’euros a été confié à SAA et s’annonce comme un chantier très technique.
« On est sur des ouvrages de 4 à 10 mètres de portée, pouvant peser jusqu’à 7 tonnes. Il seront en acier et en béton avec de la préfabrication, du stockage et du montage sur site. Une mise en place particulière est prévue, utilisant une partie de la toiture du bâtiment Hana », précise Joseph Landra. Pour Eiffage Immobilier, l’autre maître d’ouvrage (lots M 3.1, M3.2, M4.1, M5), la stratégie est de réaliser les travaux en entreprise générale avec de la sous traitance locale pour certains marchés.
Le groupe de BTP a fait aussi appel à ses filiales pour les solutions industrialisées, comme l’équipement des salles de bains de l’hôtel, confié à HVA Concept. A plein régime, le chantier de Joia devrait mobiliser un effectif de 300 personnes.
L’intensité des travaux est déjà observable avec la présence de dix grues sur le chantier pour pouvoir l’approvisionner à des cadences élevées, un autre indicateur de l’importance de ce chantier et des moyens mobilisés. Elles resteront en place jusqu’à mi-2024. Le premier bâtiment livré sera le campus puis suivront les immeubles Hana, Reva et les autres ensembles.
Un projet commercialisé au deux-tiers
Cette montée en puissance du chantier intervient alors que la totalité de Joia Méridia est passé en commercialisation. Et dans un contexte économique contraint, les promoteurs se veulent plutôt rassurants.
« Le projet est commercialisé au deux-tiers avec un fort intérêt des investisseurs institutionnels et des opérateurs du logement aidé, grâce à la grande diversité des produits proposés. L’offre de Joia Méridia est en effet composée à 70% de logements pour actifs et de logements sociaux », soulignent Thomas Defrasne et Laurent Brun, directeur territorial d’Eiffage Immobilier.
Ces investisseurs sont la Banque des Territoires en nue propriété, 3F Sud et Batigere pour le locatif social, In’li, CdC Habitat, Swiss Life et Livie pour le locatif intermédiaire. En matière de prix moyen du quartier, il a été fixé à 5500 euros/m² mais avec une fourchette large qui va de 3500 euros/m² pour l’accession sociale à plus de 8000 euros/m² dans les étages les plus élevés du bâtiment Hana.
Les promoteurs reconnaissent également que l’ultime phase de commercialisation doit faire face aux difficultés du marché, à l’inflation et à la hausse des taux d’intérêt qui entraînent des désistements de candidats acquéreurs.
« Nous devons aussi supporter le retard pris par l’opération au moment de sa mise au point, à cause de recours sur le volet commercial du projet et les permis de construire. Des recours engagés par un grand groupe de distribution alimentaire » , déplore Laurent Brun.