Elles ont bon dos, les tortues d’Hermann. C’est en tout cas ce que pense le Conseil d’État qui vient de rejeter les pourvois d’une société civile immobilière (SCI) et d’un couple de riverains qui demandaient l’annulation d’un arrêté du préfet de la Corse-du-Sud. L’arrêté en question remonte à fin 2017 et visait à autoriser un promoteur à déplacer des tortues d’Hermann et à détruire leur habitat afin de rendre possible la construction d’un immeuble au lieu-dit Sainte-Catherine, à Porto-Vecchio. Par le passé, divers projets immobiliers ont déjà été remis en cause par ces paisibles créatures, comme c’était le cas il y a quelques années dans le Var, ou plus récemment quand un entrepreneur corse risquait 140.000 euros d’amende pour avoir détruit des tortues sur un chantier de construction de 162 logements. Mais pour ce projet de Porto-Vecchio, l’argumentaire semblait vraiment tiré par les cheveux.

Dans la mesure où des clôtures sépareraient hermétiquement la nouvelle construction à venir des bâtiments des environs, certains voisins ont tenté d’expliquer que cette situation les priverait de la vue de ces tortues bien-aimées. Un spectacle qui agrémentait jusque-là leur quotidien et dont la fin leur causerait un abominable préjudice. La justice n’a pas été dupe, le véritable enjeu de ce contentieux étant bien évidemment d’empêcher une nouvelle construction, comme le rapporte Corse-Matin.

Ni intérêt à agir, ni préjudice

Cette décision du 8 juillet valide le précédent arrêt de la cour administrative d’appel de Marseille. À chaque fois, la justice a estimé que les plaignants ne justifiaient pas d’un réel intérêt à faire annuler l’arrêté préfectoral et invoquaient un préjudice d’agrément imaginaire. Ce préjudice est d’autant plus fictif que le Conseil d’État estime que les tortues peuvent pénétrer dans le terrain des requérants «en passant par la parcelle voisine et qu’elles peuvent ainsi continuer à accéder à leur propriété». Ouf, l’essentiel est préservé pour le voisinage!

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