Le 9 juin, le résultat des élections européennes et le score historique des droites nationales ont fait l’effet d’un coup de tonnerre. Pourtant, aucun programme ne répond aux angoisses des Français.

Dimanche 9 juin, le résultat des élections européennes et le score historique des droites nationales ont fait l’effet d’un véritable coup de tonnerre. Pourtant, de nombreux responsables politiques ont ensuite déroulé leur discours anxiogène habituel, invitant nos concitoyens à faire usage de raison et à voter « pour la République ». Pas de programme. Zéro proposition. À l’heure où le pays va mal et où ses institutions sont malmenées, on se gardera bien de donner des leçons. Mais on ne peut que constater l’absence de réponse aux angoisses des Français, celles-là même qui font grossir le vote protestataire élection après élection.

Des angoisses croissantes liées à la difficulté d’accès au logement

Les craintes liées à la retraite, qu’elles concernent le niveau des pensions ou le désir d’autonomie ? Le parcours du combattant pour accéder à la propriété sans le soutien de la famille ? Les difficultés pour se loger près de son travail ? Rien de rien ! Une nouvelle fois, le sujet du logement a été laissé de côté. Il est pourtant central dans la vie de nos compatriotes.

73% des Français considèrent qu’être propriétaire de son logement est important[1] et 86% des salariés estiment qu’aujourd’hui, il est de plus en plus difficile d’acheter son logement[2]. Dans un contexte de crises protéiformes (sociale, énergétique, diplomatique, politique…), la propriété est une valeur refuge, synonyme de sécurité. 88% des Français aiment être à la maison et considèrent que c’est l’endroit où ils se sentent le mieux[3]. C’est également le moyen le plus sûr de préparer ses vieux jours. Pas étonnant que, pour les salariés, l’achat de la résidence principale arrive largement en tête des priorités (42%), devant l’épargne retraite entreprise (17%) et l’épargne salariale (10%)[4].

Les générations suivantes s’inquiètent à raison. Une étude BPCE[5] révèle une baisse massive des transactions immobilières : 800 000 ventes prévues pour 2025 contre 1,1 million de ventes en 2022. Ces 18 derniers mois, près de 200 000 primo-accédants ont dû renoncer à leur projet immobilier. Autant de personnes qui ne pourront pas acheter leur logement ne manquera pas de générer des frustrations et un fort sentiment d’insécurité économique.

Retrouver du pouvoir d’achat sur le poste de dépenses le plus important des Français

De plus en plus de Français se plaignent de la déconnexion entre le discours politique et leur vie quotidienne. Avoir un toit sur la tête est un des besoins les plus essentiels mais le logement représente aujourd’hui le premier poste de dépenses des ménages (26,7% du budget des dépenses en 2022, soit deux fois plus que la nourriture) et ces dépenses sont souvent débitées automatiquement du compte bancaire amputant de 22,1% le revenu disponible des ménages[6]. D’où l’urgence de remettre le logement au cœur du débat public en portant des mesures fortes ayant vocation à faciliter l’accès à la propriété des plus jeunes et l’autonomie des plus âgés. Des entreprises ayant compris cette nécessité se mobilisent déjà dans ce sens en proposant des solutions pour aider leurs salariés à se loger, comme le prêt subventionné par l’entreprise. Avec ce dispositif, l’employeur prend en charge tout ou partie des intérêts du crédit immobilier du salarié pour l’achat d’un logement ou le coût des travaux d’aménagement. Résultat : un accès facilité au crédit, une baisse des mensualités et plus de pouvoir d’achat pour les salariés. Ils sont déjà 40 000 à en bénéficier.

Ce dispositif permet de redonner de la solvabilité aux salariés alors que leur pouvoir d’achat est en souffrance et d’accompagner un nouveau rapport au travail à l’heure où le télétravail est légion. Aux futurs retraités, il permet de devenir propriétaires, de préparer leurs vieux jours ou de les aider à financer les travaux d’aménagement afin qu’ils puissent vieillir chez eux s’ils le souhaitent.

Ces 18 derniers mois, 85% des TPE-PME qui cherchent à recruter ont du mal à le faire et 19% estiment que ces difficultés sont liées aux problèmes de logement des candidats[7]. 61% des salariés jugent que leur entreprise devrait faire un effort pour aider ceux qui le souhaitent à accéder à la propriété[8]. Il est temps de proposer aux Français des solutions.

Ces derniers mois, nous avons poussé des propositions concrètes qui ont fait l’objet de discussions avec de nombreux parlementaires pour favoriser la généralisation du prêt subventionné. Nous formons le vœu que ces propositions soient mises à l’ordre du jour de la prochaine campagne législative et travaillées dans le cadre de la nouvelle assemblée afin d’adoucir le climat social. La crise du pouvoir d’achat immobilier des Français est sans précédent : il est indispensable que le sujet du logement revienne sur le devant de la scène, au même titre que la transition écologique, la souveraineté et la réindustrialisation de notre pays. Il en va de la stabilité sociale et économique de la France.
 

[1] source : étude IFOP pour le Conseil Supérieur du Notariat, janvier 2024

[2] source : étude IPSOS pour SOFIAP, avril 2024

[3] source : étude BPCE, 16 mai 2024

[4] source : étude BPCE, 16 mai 2024

[5] source : étude BPCE, 16 mai 2024

[6] source : INSEE

[7] source : CPME

[8] source : étude IPSOS pour SOFIAP, avril 2024

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