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Sur les hauteurs de la commune frontalière avec la Haute-Garonne, un projet de construction d’une vingtaine de logements au cœur d’un quartier pavillonnaire scandalise des habitants.

« J’ai vu le panneau en allant au rugby, c’était un vendredi. J’ai regardé le nombre de logements. 21, putain », se rappelle Alain. À quelques pas de chez lui, dans un quartier pavillonnaire sur les hauteurs de Lézat-sur-Lèze, côte de Mirande, un terrain nu coincé entre deux maisons ne le sera bientôt plus. Sur la parcelle de 3 490 m2, un projet de construction de logements sociaux, porté par le promoteur immobilier Nexity, est en cours. Une perspective qui révolte les habitants des maisons attenantes. « On savait que ce terrain serait constructible un jour mais nous imaginions des maisons individuelles. Là, c’est énorme. […] Je n’arrive pas à imaginer 21 logements ici », avoue Manon. Selon les simulations faites par son mari, Damien, les fenêtres de leur salon donneront directement sur les futures bâtisses. « Il y aura un vis-à-vis, à 5 mètres. […] On a pensé vendre, même si nous avons un crédit sur 25 ans et que nous pensions rester là. »

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Dans la côte de Mirande, les constructions se sont multipliées ces dernières années, entre les habitations existantes. « Je suis au quater. S’il y avait eu quatre villas, personne n’aurait rien dit », assure Alain, qui précise que la dénomination « logements sociaux » ne figurait pas sur le premier panneau d’affichage obligatoire du permis de construire (délivré le 17 juin dernier). Un « oubli ou un passage sous silence » questionne les pétitionnaires qui disent « s’inquiéter de l’arrivée de troubles et de désordre ». Un argument qui n’est pas la principale cause de cette opposition assure néanmoins l’habitant. « Dans la commune, il y a déjà beaucoup de logements sociaux. Ici, il n’y a pas de quartiers VIP. »

Le projet est prévu sur une parcelle de 3 490 m2.
DDM RBL.

« Je ne peux pas m’opposer à un projet privé qui respecte le PLU »

Pour tenter de stopper le projet « pharaonique » qui « [fera] drastiquement perdre de la valeur à l’ensemble de nos maisons », le couple, installé depuis 4 ans sur la commune, a donc lancé une pétition signée par 31 habitants, plus ou moins proche du futur lotissement. « Nous avons fait un retour gracieux auprès du maire mais nous avons eu un retour négatif. […] Il y a quatre maisons directement impactées », estime Manon. Une démarche soutenue par les quatre élus du groupe d’opposition. « C’est un apport de population important, 70 à 80 personnes. […] La commune va se développer, c’est inévitable. Mais pas de manière arbitraire », souhaite Dominique Castagné. « Ce qui serait bien, c’est qu’il y ait un dialogue avec les habitants. Faire moins de logements et mieux. »

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« Enlever l’étage et reculer les constructions »

Mais pour Jean-Claude Courneil, maire depuis 2008, l’annulation du permis de construire mettrait la collectivité « en situation d’illégalité ». « Je ne peux pas m’opposer à un projet privé qui respecte le PLU (plan local d’urbanisme, ndlr). […] Le propriétaire pourrait se retourner contre nous. » S’il n’est pas un fervent défenseur du projet et qu’il dit « comprendre les craintes », l’élu voit d’un bon œil l’arrivée de nouvelles familles dans sa commune de 2 300 âmes, en troisième couronne toulousaine. « On ne peut pas laisser mourir la ville en arrêtant de bâtir. Il y a une crèche en construction, des écoles, des commerces, des associations… S’il n’y a pas de renouvellement de la population, tout ceci va mourir petit à petit. » L’édile évoque aussi la loi ZAN, « qui a divisé par deux le nombre de terrains constructibles ». « S’il y a moins de terrains, il y aura de plus en plus d’immeubles. »

Si le projet semble maintenant inévitable, les opposants aimeraient échanger avec le prometteur pour que les plans soient revus, « enlever l’étage et reculer les constructions ». Des requêtes sur lesquelles Nexity ne peut pas s’engager, précisant néanmoins qu’ « il est toujours possible de faire des permis modificatifs ». Dans un communiqué, le promoteur indique avoir « pris connaissance de la pétition des habitants ». « Nous souhaitons les rassurer sur ce sujet. Notre projet de résidence multigénérationnelle vise à développer des logements seniors adaptés pour les aînés, des logements locatifs pour les actifs et les jeunes couples, afin de répondre à une forte demande sur le territoire aujourd’hui dépourvu d’offres. Nous sommes convaincus que ce projet s’intégrera parfaitement au sein de ce nouveau quartier. » À la rentrée, la société organisera une réunion avec les riverains pour « lever les inquiétudes ». Les dates de début et de fin des travaux sont encore inconnues.

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