Malgré la baisse des taux, décrocher un crédit immobilier reste compliqué. Solliciter des prêts bonifiés (1 à 2% pour une partie de votre crédit) auprès de sa banque est une solution. Bénéficier dâun coup de pouce auprès de son patron, en est une autre. Mais cette aide bienvenue, en ces temps instables, peut coûter cher aux salariés qui la sollicitent. Car elle comporte un risque: devoir rembourser sa dette en cas de départ de lâentreprise.
Un principe, pourtant prévu à lâavance entre les deux parties, quâun salarié, licencié par Axa Assurance, a contesté devant la justice. La Cour de cassation a donné gain de cause à lâemployeur. Une entreprise peut accorder un prêt à un salarié mais sâil la quitte par un licenciement ou une démission, lâemployé peut se trouver obligé de rembourser immédiatement le solde du crédit en plus dâindemnités, a jugé la Cour de cassation dans une décision rendue le 2 mai. Il nây a pas dâabus de la part de lâemployeur si le contrat de prêt prévoit un tel remboursement anticipé, et ceci même sâil nâest pas obligé dâexiger ces sommes.
Câest ainsi que le cadre dâAxa, licencié, sâopposait à son patron qui lui réclamait, du fait de son départ, le remboursement du solde dâun prêt immobilier qui lui avait été consenti sept ans plus tôt pour lâacquisition dâun logement. Lâentreprise exigeait également une indemnité pour défaillance de lâemprunteur, comme le prévoit le code de la consommation qui réglemente les prêts dâentreprise.
Le bon vouloir du patron
Le contrat de prêt prévoyait quâil y aurait remboursement anticipé en cas de départ du salarié, quâil soit licencié ou quâil démissionne mais il sâagit dâune clause inapplicable, soutenait le salarié. Elle est inapplicable, disait-il, car elle est liée au bon vouloir du préteur, lequel nâest pas obligé, selon le contrat, dâexiger ce remboursement anticipé. Il est écrit, observait-il, que le prêt deviendra immédiatement exigible en cas de départ de lâentreprise, «si bon semble au prêteur, sans quâil y ait lieu de remplir aucune formalité judiciaire.»
Les juges nâont pas précisément répondu à cet argument. Ils ont seulement retenu que le remboursement anticipé pouvant être exigé en cas de licenciement comme de démission, était aussi bien lié à «une initiative de lâemployeur en cas de licenciement que de celle du salarié en cas de démission.» Et dès lors que le licenciement était justifié, ils ont admis que lâentreprise pouvait se prévaloir de cette clause de remboursement anticipé.