Le Conseil dâÃtat a annulé le paragraphe permettant aux locations type Airbnb de continuer à bénéficier dâune niche fiscale rabotée par erreur par le gouvernement dans la loi de finances pour 2024, accédant à une demande dâorganisations professionnelles du tourisme. Le passage annulé indiquait que les contribuables pouvaient continuer à appliquer aux revenus de 2023 des dispositions antérieures à la loi de finances pour 2024, «afin de limiter les conséquences dâune application rétroactive». Le Conseil dâÃtat avait été saisi par lâassociation pour un tourisme professionnel (AToP), le groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR), lâunion des métiers et des industries de lâhôtellerie (UMIH) et par les sénateurs Ian Brossat (PCF) et Max Brisson (Les Républicains).
En pratique, la décision nâétant pas rétroactive, les contribuables ayant déclaré leurs revenus pour 2023 dans les temps ne seront pas inquiétés. Mais, «à la lumière de ce délibéré, une association de contribuables pourrait envisager dâattaquer lâÃtat pour le manque à gagner pour les finances publiques quâa représenté le maintien de cette niche fiscale contre lâavis du Parlement», estime le sénateur Ian Brossat dans un communiqué, se félicitant «dâune victoire politique majeure». Cette décision «marque un tournant décisif dans la lutte contre les avantages fiscaux injustifiés dont bénéficie la location Airbnb face à la location nue. Elle pourrait également ouvrir la voie à dâautres actions en justice contre des dispositifs similaires», poursuit-il.
Un couac était survenu lors de lâexamen du budget de lâÃtat adopté fin 2023: le gouvernement avait oublié de supprimer un article introduit par lâopposition réduisant fortement lâabattement fiscal des meublés touristiques. Mi-février, une note du Bulletin officiel des finances publiques dédiée aux impôts avait réintroduit cet abattement fiscal pouvant aller jusquâà 71% du chiffre dâaffaires généré par les locations de meublés touristiques.
Cette réintroduction «sème le trouble, parmi les représentants du secteur, sur la volonté réelle du gouvernement dâencadrer les meublés de tourisme et mettre fin à lâoptimisation fiscale dont cette activité bénéficie depuis de nombreuses années», dénonçaient les organisations professionnelles. à lâinitiative de parlementaires de plusieurs bords, lâarticle adopté lors de lâexamen du projet de budget 2024 prévoyait de faire baisser lâabattement fiscal à 30% dans les zones qui rencontrent des difficultés dâaccès au logement. Le gouvernement, sâil avait accepté de revoir la niche fiscale, était défavorable à lâidée de réduire à ce point lâabattement, et aurait pu retirer la mesure du texte lors de lâutilisation de lâarticle 49.3 mais lâavait laissée par «erreur».