Pour investir dans les matières premières, les fonds investis en actions de groupes miniers sont un moyen souvent utilisé, en particulier les fonds mines d’or. Logeables en assurance-vie, ils bénéficient ainsi de ce cadre fiscal favorable. Cela offre a priori un effet de levier : quand l’or monte, les marges bénéficiaires des mines montent plus. Mais depuis deux décennies, le secteur boursier n’a pourtant pas suivi le rebond de l’or.
« Jusqu’en 2012, les sociétés aurifères étaient fortement valorisées et ont profité de cette situation pour racheter des concurrents à des prix excessifs ou faire des investissements dont la rentabilité s’est révélée catastrophique quand l’or s’est retourné : lorsqu’il a perdu 30 à 40 %, le cours des actions aurifères a plutôt abandonné 80 % », rappelle Charlotte Peuron, gérante du fonds CM-AM Global Gold chez Crédit Mutuel AM. Sans compter les soucis environnementaux, sociaux et parfois même politiques.
« Les groupes aurifères doivent retrouver la confiance perdue des investisseurs et sont en train d’y parvenir », pense Charlotte Peuron. Finies les OPA imprudentes, place à la rationalité, et pour certains, à une diversification dans le cuivre. Les perspectives de rentabilité sont bonnes cette année, comme les résultats de Newmont l’ont démontré. La valorisation du secteur (1,2 ou 1,3 fois l’actif net réévalué pour les grands acteurs aurifères) reste très raisonnable.
Comme son nom l’indique, le fonds CM-AM Global Gold mise surtout sur les mines d’or, mais a une poche de 10 % de groupes argentifères pour dynamiser le fonds, l’argent étant souvent plus réactif que l’or et étant à la fois un métal précieux et industriel. On trouve aussi dans le fonds quelques spécialistes du cuivre et du lithium en diversification.
ETC et certificats pour un adossement pur
Les ETF (exchange traded funds, ou fonds indiciels cotés) or sont un autre moyen d’investir dans le métal jaune. Concernant ceux disponibles sur le marché européen, il faut plutôt parler d’ETC (exchange traded commodities, « matières premières cotées »). Etant investis dans un seul sous-jacent, ces produits ne respectent pas les règles de diversification d’un fonds et sont donc juridiquement des titres de créance.
En pratique, l’utilisation est la même pour l’investisseur, avec une liquidité identique à celle des ETF. Les noms des principaux produits disponibles (Invesco Physical Gold, iShares Physical Gold, WisdomTree Physical Gold, Amundi Physical Gold) sont très similaires, indiquant l’adossement de ces produits à un stock d’or physique, conservé chez HSBC et identifié lingot par lingot dans le cas d’Amundi.
Depuis deux ans, la demande des investisseurs occidentaux pour ces produits a fortement baissé malgré le comportement de l’or, du fait du rebond des taux. « Les flux devraient redevenir positifs à l’approche de la première baisse des taux de la Fed, ce qui redonnerait de l’élan à l’or », estime Kerstin Hottner, responsable matières premières chez Vontobel.
L’inconvénient des solutions d’investissement ETC est de ne pas être éligibles à l’assurance-vie française, la fiscalité ordinaire sur les plus-values s’appliquant donc à la sortie. Il en va généralement de même des certificats et autres turbos adossés à une matière première proposés par les fournisseurs de produits de bourse. Le certificat 100 % Or (NL0006454928) de BNP Paribas fait exception : il est ainsi proposé par exemple dans certains contrats Suravenir. L’unité de compte correspondante chez cet assureur a cependant des encours assez modestes (44 millions d’euros) et l’investisseur supporte 0,75% de frais annuels, sans compter les frais du contrat.
Des fonds pour un panier de matières premières
Reste la possibilité de fonds investis directement dans un panier de matières premières, par le biais des contrats futures (contrats financiers dans lesquels deux parties conviennent d’échanger une valeur sous-jacente pour un prix fixe, à une date future). Vontobel Commodity peut jouer sur un univers large de 30 matières premières. « Le cours des céréales dépend de la météo et du niveau des récoltes, celui du pétrole est impacté par la croissance mondiale et celui des métaux par les grèves en Argentine. Autant de facteurs différents qui font que ces marchés sont peu corrélés entre eux », explique Kerstin Hottner.
D’où un effet diversifiant quand on les combine. Actuellement, le fonds fait la part belle aux métaux précieux (argent) et industriels (cuivre et alu). Et une version « non food » est proposée aux investisseurs scrupuleux souhaitant éviter les matières premières agricoles.
Chez OFI Invest, deux fonds plus spécialisés constituent une offre originale. Ofi Invest Precious Metals mise sur un panier de quatre métaux précieux avec une dominante or, tandis qu’un autre fonds (Ofi Invest Energy Strategic Metals) se propose d’investir sur 8 métaux clés de la transition énergétique (cuivre, platine, aluminium etc.), avec des pondérations qui sont modifiées annuellement en fonction du contexte. Actifs de diversification, les matières premières méritent une place dans votre portefeuille, un niveau de 5 % à 10 % semblant raisonnable.
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